Manuel Valls, ministre français de l'Interieur «Il n'y a pas de projet à modifier l'accord bilatéral», a indiqué l'entourage du ministre Manuel Valls. Est-ce un premier geste de la France pour des relations apaisées avec l'Algérie comme promis par le président François Hollande? A une semaine de la visite du président François Hollande à Alger, Paris a officiellement renoncé à amender un accord bilatéral de 1968 organisant l'entrée et le séjour des Algériens en France, après deux ans de négociations infructueuses, a indiqué avant-hier, le ministère de l'Intérieur. «Il n'y a pas de projet à modifier l'accord bilatéral», a indiqué l'entourage du ministre Manuel Valls. «Ça ne veut pas dire qu'on ne travaille pas sur le sujet. Il y a un groupe de travail avec le gouvernement algérien» pour débattre de ces questions, a-t-on précisé de même source sans donner plus de détails. Pour les observateurs, cette décision prise en ce moment précis, n'est autre qu'un geste d'apaisement des relations entre les deux pays, pour donner à cette relation dont la dimension humaine est importante, un «élan nouveau», nous affirme une source diplomatique. Pour l'entourage du président Hollande, la relation avec l'Algérie «est indispensable de par l'histoire et la densité des liens humains». Plusieurs millions, sept selon des chiffres non confirmés officiellement, sont directement concernés par la nature des rapports qu'entretiennent les deux pays. La France «a le souci de faciliter la situation des Français vivant en Algérie et souhaite donc que certaines questions plus larges que l'Accord de 1968 soient abordées», avait déclaré Manuel Valls lors d'un déplacement à Alger à la mi-octobre. Les Accords de 1968, issus de l'esprit des Accords d'Evian ont été utilisés comme moyen de pression sur l'Algérie par la droite française pendant plusieurs années. En 2010, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a entamé des négociations avec les autorités algériennes dans le but de maîtriser l'immigration en provenance d'Algérie. Catégorique, Alger a catégoriquement refusé de revoir les accords de 1968. «Les Français veulent nous traiter comme les Turcs ou les Pakistanais. Ils oublient que l'Algérie est un pays particulier du fait de l'histoire entre les deux peuples», dénoncent des sources proches du gouvernement. Les Algériens bénéficient en France de certains privilèges à la faveur de cet accord. Ils sont par exemple les seuls étrangers à disposer d'une carte de séjour valable 10 ans. Les sans-papiers algériens sont également les seuls étrangers régularisables sans conditions au bout de 10 ans de présence continue sur le territoire français. L'Accord de 1968, amendé à trois reprises, organise l'entrée, le séjour et l'emploi des Algériens en France, selon des règles dérogatoires au droit commun. Sur certains points, les Algériens sont favorisés par rapport aux autres étrangers (notamment en matière de regroupement familial), sur d'autres points, ils sont perdants (notamment pour les étudiants).