Le maroc a déclaré une guerre tous azimuts à notre pays. La volonté marocaine et, accessoirement libyenne, de nuire à l'Algérie ne fait plus de doute pour personne. Hier, à la Centrale syndicale le ton était à une colère mal contenue: «Le refus marocain d'abriter le congrès de l'Ustma (Union des syndicats des travailleurs du Maghreb arabe) ne peut revêtir que des connotations politiques puisqu'il intervient au lendemain du report du sommet de l'UMA à cause du Maroc et de la Libye.» Nos sources, qui rappellent que la décision de la tenue de ce congrès à Casablanca les 22 et 23 janvier, avait été prise à Alger lors d'une rencontre tenue au mois de septembre passé, s'indignent d'autant plus que «c'était les voisins marocains qui avaient insisté pour que leur pays abrite ces assises». Ce n'est pas tout, étant présidente de facto de l'Ustma en attendant que le flambeau soit transmis, l'Ugta ne peut que s'indigner du fait qu'elle n'ait pas été destinataire de ce refus, tombé sur le tard alors que tous les préparatifs avaient été finalisés, du moins du côté algérien. M.Djerrad, secrétaire général de l'Ustma, a été destinataire de ce refus dans lequel étaient évoquées des raisons de faisabilité techniques. «Un argumentaire que nos sources rejettent en bloc», estimant qu'«il ne s'agit là que d'un habillage qui cache très mal la volonté marocaine, agissant sous la férule du Palais royal, de bloquer l'Ustma, comme cela avait été le cas pour l'UMA». Preuve en est, estiment encore nos sources, «la démarche suivie qui fait que la présidence actuelle, basée à Alger, se trouve en face d'une véritable impasse sur le plan procédurier». Des sources diplomatiques, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, estiment que «Mohammed VI cherche à isoler l'Algérie sur le plan syndical, comme il avait tenté de le faire dans les cadres politique et diplomatique, avec le concours tacite de certains Etats voisins». Cela n'empêche pas le secrétaire général de l'Ugta de réagir avec promptitude. Il était, hier, l'hôte de la Tunisie dans le but de tenter de convaincre l'Ugtt (Union générale des travailleurs tunisiens) d'abriter ce congrès. La réponse devrait être connue aujourd'hui. Mais, dans tous les cas de figure, précisent nos sources, «il est hors de question que les assises se tiennent à Alger. De même que les Marocains ont refusé de nous recevoir, nous leur rendons la pareille sans le moindre état d'âme». Si les choses devaient dégénérer plus encore, lâche-t-on, «nous leur donnerons le syndicat, comme nous leur avons donné l'UMA». «De toutes les façons, comme chacun le sait, la crédibilité de l'Ustma est uniquement due à l'Ugta, sans laquelle cette union cesserait tout simplement d'exister.» Ce n'est pas tout. «Nous avons ici la preuve que l'un des rares syndicats autonomes dans le Maghreb arabe, sinon le seul, est bel et bien l'Ugta. Nous avons aussi la confirmation que le Maroc, qui n'a rien de démocratique, ni de républicain, mérite bien son statut de Royaume, dans le sens le plus péjoratif qui soit.» Ce qui choque le plus dans cette triste affaire c'est que le secrétaire général du syndicat marocain, qui se trouve derrière ce grossier complot, M.Mahdjoub, est un vieux routier du militantisme qui n'était pas censé se faire mener par le bout du nez de cette manière par le Palais Royal de Mohammed VI. Indignées que la politique belliqueuse du voisin marocain puisse aller aussi loin, nos sources révèlent que «si le syndicat algérien avait toujours maintenu les questions politiques hors des débats, les Marocains, eux, faisaient tout pour inclure la question du Sahara Occidental dans les débats à chaque fois que l'occasion leur en était offerte». Ce énième coup de boutoir intervient à la suite de nombreux autres venus confirmer que le Maroc a déclaré une guerre tous azimuts à notre pays depuis que le conseil de sécurité de l'ONU s'est rangé de l'avis du droit international en accordant au peuple sahraoui le droit de décider souverainement de son sort suivant le plan Baker.