L'agence de presse marocaine s'est permis le «luxe» de reprendre les déclarations de notre chef de la diplomatie. Une fois de plus, la presse marocaine, dans sa quasi-intégralité, a accordé son ouverture à la question du Sahara occidental en général, et au ballet diplomatique enregistré à Alger durant cette semaine. L'agence de presse marocaine, qui constitue la «source autorisée» du palais royal, se montre fort aise que notre chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem, dans sa réplique aux déclarations de son homologue français, se soit déclaré favorable à un dialogue entre Alger et Rabat sans qu'il soit besoin de recourir à aucune autre médiation. Il faut dire que le président français, en réponse à une question similaire, lors de sa visite à Alger, avait lui aussi souligné que Paris n'avait aucunement l'intention de jouer le rôle d'intermédiaire dans cette question, entre deux pays souverains. Toujours est-il que les Marocains, qui attendent beaucoup des démarches entreprises par la France, l'Espagne et les Etats-Unis d'Amérique, mettent un bémol à leurs prétentions en édulcorant leur discours, d'habitude virulent et à la limite de l'invective. Les observateurs font une lecture de la presse marocaine, dont beaucoup de titres soulignent la coïncidence des visites du chef de la diplomatie française, du président du gouvernement espagnol et du secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient, également attendu à Rabat et à Tunis. Tous les journaux, sans exception aucune, s'accordent à dire qu'il en est attendu de grandes avancées allant dans le sens du règlement de cette question. Il n'empêche que notre pays, qui n'a jamais refusé de dialogue, de quelque nature qu'il soit, continue de soutenir le droit international, l'application stricte des résolutions onusiennes prises en ce sens ainsi que le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination. La bonne volonté de notre pays, qui n'est plus à démontrer, n'a quand même pas suffi à empêcher le Maroc de mettre en panne l'UMA, jusqu'à ce que la présidence de cette instance mort-née tombe entre les mains libyennes, lesquelles se sont permis le luxe de lancer des piques à notre pays, en indiquant que cette question sera inscrite à l'ordre du jour du prochain sommet au moment où notre pays, se basant sur les décisions de l'ONU, sans ambages, s'y était de tout temps refusé. En revanche, il ne fait plus de doute, aux yeux des observateurs, que cette offensive tous azimuts de la part de puissances telles que la France, l'Espagne et les USA, présagent d'une avancée sans précédent dans cette question qui perdure depuis trois longues décades. En témoignent, notamment, les visites à Alger, durant le second semestre de cette année, du chef du gouvernement marocain, Driss Jettou, et de son chef de la diplomatie, Mohamed Benaïssa. Pour ce qui est de la presse française, tous les titres, qui ont suivi avec attention la visite de Barnier à Alger, ont focalisé leurs analyses sur «l'excellence» des relations entre les deux pays, mais aussi la décision prise de signer le «traité de coopération dès l'année prochaine». L'annonce en avait été faite par Bouteflika et Chirac lors de sa visite d'Etat historique à Alger durant l'année 2002. Prudents sur la question du Sahara, dont les contours ne peuvent échapper à personne, partant du principe qu'il ne s'agit rien moins que d'une question de décolonisation, ces journaux se sont contentés de reprendre les déclarations des uns et des autres sans les commenter aucunement.