Profitant de la tenue de la deuxième session de la commission exécutive fédérale des retraités, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, a surpris avec un discours virulent.Devant une assistance nombreuse composée de retraités, d'invités tunisien, marocain, libyens et allemands, de cadres syndicaux et membres du secrétariat national, Sidi Saïd s'est senti interpellé par les propos du secrétaire général de la fédération des retraités, Abdelmadjid Azzi. « L'UGTA va fêter incessamment le 50e anniversaire de sa création, il est temps d'adopter une nouvelle forme de gestion pour garantir la démocratisation, la mobilisation et la transparence », a déclaré M.Azzi, exhortant Sidi Saïd à renforcer le rôle des unions de wilaya. Des structures qui, selon lui, sont marginalisées et exclues de fait des problèmes qui minent l'organisation. Des problèmes, a-t-il dit, que les instances supérieures de l'UGTA ont mal pris en charge. « Nous considérons qu'il est primordial que chaque instance exerce pleinement ses responsabilités en prenant en charge ses propres problèmes (...) et que la centrale syndicale n'intervienne que pour assumer objectivement son rôle d'arbitre... », a ajouté le responsable de la fédération des retraités. M. Azzi est revenu sur l'affaire Badaoui. Il a qualifié sa suspension de « condamnable ». « La centrale est interpellée pour agir, par devoir, dans le sens du droit, car ce sont tous les responsables syndicaux qui sont aujourd'hui menacés s'ils viennent à s'opposer au bon vouloir des employeurs (...) L'image d'une UGTA exemplaire (...) est fausse et irréelle. Il faut l'assimiler à une manière de se caresser soi-même dans le sens du poil... » Des propos qui ont poussé Sidi Saïd à prendre la parole, parfois empreinte de colère.« Je n'ai peut-être pas assumé mes responsabilités syndicales mais sachez que je fais tout pour que le bateau UGTA puisse naviguer sans heurter les grandes vagues. Face aux turbulences je tente de trouver les équilibres pour maintenir la cohésion syndicale (...) J'ai avalé tant de boas et de couleuvres pour assumer des responsabilités pour lesquelles un seul mot peut mener à des dérapages incontrôlés... » Il a déclaré n'être pas convaincu du recours aux grèves et aux manifestations publiques comme moyens de contestation. « Je peux appeler les 47 000 travailleurs, qui ne perçoivent pas leurs salaires depuis une période allant de 2 à 35 mois, à une marche de la place du 1er Mai à la place des Martyrs. Est-ce que cette action changera leur situation ? Leurs droits s'arrachent par la négociation discrète et longue. Mission que nous avons accomplie durant six mois et elle a porté ses fruits puisqu'ils vont être payés incessamment. Je n'entends que des critiques mais aucune proposition. Si je dois remettre ma démission, c'est aux retraités que je le ferais. Je ne suis pas une poule mouillée, mais je refuse la folie syndicale. Je lui préfère la sagesse », a-t-il lancé. A propos de la réforme de l'organisation, Sidi Saïd a reconnu que l'UGTA a vieilli et que, de ce fait, elle nécessite « un toilettage et une mutation ». « Le militantisme a régressé. Il faut donc lancer le débat et essayer de comprendre pourquoi ce recul. Cela de manière à défendre la démocratie au sein de l'UGTA. » D'un ton coléreux, il a fait remarquer qu'à l'UGTA « il n' y a pas de super-homme qui impose son diktat ». « Vous m'aiderez à instaurer la démocratie pour assurer la pérennité de l'UGTA. Le problème fondamental est à l'intérieur de l'organisation. Oui, il faut donner plus de poids aux fédérations par rapport aux unions de wilaya. Je sais qu'il y a des structures syndicales qui, pendant des années, n'ont pas tenu leur assemblée générale ou qui ont dépassé de loin leur mandat électoral. Est-ce ma responsabilité ? », s'est-il interrogé. Sidi Saïd s'est déclaré pour les syndicats autonomes auxquels il a exprimé son respect. « Nous sommes responsables du fait que des gens rejoignent les syndicats autonomes... » Il a averti ses détracteurs qu'il est un élu et non pas un responsable. « Je ne dois de compte qu'à ceux qui m'ont élu et personne ne peut aujourd'hui venir me démettre de mon mandat. Je ne ferai pas de compromission en contrepartie du syndicat. Le combat à mener sera dur et je refuse de commander un bateau qui va finir comme le Titanic... », a-t-il soutenu. Après cette longue intervention, Sidi Saïd, sollicité par les journalistes au sujet de la date du 11e congrès, a répondu qu'elle « n'a jamais » été fixée. « Il aura lieu après la tenue de la tripartite et la signature du pacte social... ». Il a par ailleurs refusé de s'exprimer sur la suspension d'Ahmed Badaoui et a écarté la possibilité de sa révocation par la commission paritaire qui devait statuer hier sur son cas. A signaler, enfin, que la fédération des retraités organise aujourd'hui une conférence débat sur le système des retraites, animée par des experts en la matière.