Décidément, tout le monde se permet de donner des leçons de diplomatie à l'Algérie. Après le colonel Maâmar Kadhafi qui avait affirmé que le sommet de l'UMA aurait lieu après l'élection présidentielle en Algérie, c'est au tour de l'ambassadeur de Belgique à Rabat de jeter un autre pavé dans la mare. Questionné par un quotidien marocain sur la position du gouvernement belge quant à la question du Sahara occcidental, le diplomate belge a répondu: «La position de la Belgique quant au Sahara occidental reste la même. Nous souhaitons que la question soit résolue par les parties concernées», sans pour autant citer les parties en question, avant d'ajouter :«Les prisonniers de Tindouf doivent tous être libérés.» Une déclaration qui s'apparente à une accusation gratuite et qui conforte les allégations entretenues par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération Mohamed Benaïssa, qui avait déclaré sur les ondes d'une radio marocaine que l'Algérie est la base arrière d'un mouvement séparatiste armé, composé de milliers de combattants menaçant la souveraineté marocaine. Tandis qu'un collectif d'associations des droits de l'homme ( sic) a appelé, à l'issue de la célébration de la journée mondiale des droits de l'homme célébrée à Boujdour, le secrétaire général de l'ONU, à intervenir pour mettre fin à la situation «dramatique de milliers de Marocains dans les camps de Tindouf». Cette sortie de l'ambassadeur belge vient jeter de l'huile sur le feu et n'est pas sans nous rappeler les campagnes de dénigrement orchestrées par la diplomatie européenne au sujet de «qui tue qui?». Cela dit, pareil comportement relève de la logique du fait qu'il est de notoriété publique que le palais royal a toujours su manipuler les personnalités politiques européennes. Cependant, ce que feint d'ignorer l'ambassadeur belge à Rabat c'est que l'Algérie n'a jamais condamné à trois ans de prison le moindre journaliste. Alors que Ali Lamrabet l'est pour avoir publié des dessins de presse critiques envers le roi Mohammed VI et un article abordant la question du Sahara occidental. En outre, l'Algérie n'a jamais possédé de camp de concentration à l'image du célèbre centre de détention de Tazmamart, un nom tabou pendant des années au Maroc. Le prononcer c'était se rendre coupable de trahison. Officiellement, ce lieu n'existait pas. C'est pourtant là, qu'ont disparu cinquante-quatre militaires jugés après les coups d'Etat du 10 juillet 1971 et du 16 août 1972, et enlevés de la prison de Kénitra, le 7 août 1973. Certains étaient condamnés à trois ou cinq ans de prison. Ils passeront dix huit ans dans ce bagne, sans voir le jour et vingt-quatre d'entre eux vont mourir dans des conditions inhumaines. Aujourd'hui que le centre est fermé, seules les victimes peuvent accorder le pardon, mais qui doit le leur demander : le nouveau roi au nom de son père, le chef du gouvernement, qui a, lui-même, été victime par le passé, au nom de l'Etat? Autant de questions qui restent ouvertes et qui dépassent largement le cadre du Maroc. Un dossier sur lequel le Maroc n'a jamais rendu le moindre compte. C'est cela aussi les droits de l'homme sur lesquels il faudra dorénavant s'attarder au lieu de chercher des noises à l'Algérie qui demeure l'une des meilleures démocraties du monde arabe. Et ce n'est pas au représentant d'un roitelet à donner des leçons sur les droits de l'homme. Un royaume connu depuis longtemps pourêtre justement la base arrière de terroristes islamistes.