Il semble que la sagesse et la patience de la diplomatie algérienne ait fini par triompher des réticences marocaines. Le sommet de l'UMA, reporté de date en date, depuis le clash algéro-marocain en 2002, aura finalement lieu à Alger avant la fin de cette année. C'est ce qu'a indiqué le chef de la diplomatie algérienne hier, au lendemain de la rencontre des ministres des Affaires Etrangères des pays membres de l'UMA, qui a eu lieu le même jour dans la capitale algérienne. Les pays concernés, faut-il le rappeler, sont l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie. Abdelaziz Belkhadem, dont la déclaration a été rapportée par l'APS et la télévision, a précisé que «le Conseil de présidence de l'UMA (...) aura lieu à la fin du mois prochain à Alger». A moins d'un nouveau coup de théâtre, comme celui que nous avons vécu en 99, tout porte à croire que le roi Mohammed VI sera l'hôte de notre pays durant les dix derniers jours du mois de décembre prochain. La rencontre de ce samedi semble s'être déroulée sous les meilleurs auspices comme le confirme le chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, sur l'agence officielle de presse marocaine. Elle a été consacrée à la préparation du sommet du forum de dialogue des 5+5, prévu à Tunis en date du 4 décembre prochain, selon l'annonce faite par Abdelaziz Belkhadem. Outre les Etats de l'UMA, ce sommet regroupe également l'Espagne, la France, l'Italie, Malte et le Portugal. Lors de sa visite d'Etat en Algérie, le président français avait beaucoup insisté sur ce sommet, de même que sur la nécessité absolue de normaliser les relations entre Alger et Rabat pour le bien et la stabilité de tout le bassin méditerranéen. Le Conseil de présidence est l'une des institutions de l'UMA réunissant les chefs d'Etat qui assurent à tour de rôle la présidence pour six mois. Il est différent du sommet qui se tient, en principe, une fois l'an. Le dernier remonte à 1994. Un sommet, prévu le 21 juin 2002 à Alger, avait été reporté sine die, le 17, alors que tout était fin prêt pour l'accueillir. Le 3 janvier dernier, M.Belkhadem avait indiqué que le sommet de l'UMA se tiendrait dans un «proche avenir», laissant déjà entendre qu'il pourrait avoir lieu avant la fin de l'année 2003, à l'issue d'une réunion à Alger des ministres des Affaires étrangères de l'UMA. Beaucoup d'événements devaient se produire par la suite, envenimant un peu plus la relation tendue existant entre Alger et Rabat. Le Palais royal, qui avait tout fait pour que le Conseil de sécurité n'adopte pas le plan Baker, avec l'aide de la France, avait accusé notre pays d'en être le principal instigateur, demandant au passage à Alger d'ouvrir des négociations directes avec notre pays. La réponse de la diplomatie algérienne, consistant à dire que la question du Sahara occidental concerne le peuple sahraoui et l'ONU, a eu le don d'irriter beaucoup plus un Maroc en perte de vitesse sur le plan diplomatique depuis l'incident de l'enclave du Persil et l'humiliation qui en avait résulté. L'affaire du Flam (front de libération de l'Algérie marocaine) a constitué un pic de tension rarement égalé entre les deux pays puisque Alger avait été amenée à convoquer l'ambassadeur marocain pour exiger de lui des explications, de même qu'elle avait demandé à notre représentant à Rabat de sommer les autorités chérifiennes de s'expliquer sur ces graves dérives, semi-institutionnelles, attentant gravement à l'intégrité territoriale de notre pays. Le recul marocain, avec ouverture d'une enquête ordonnée par le procureur du roi, semble avoir montré que le Palais, parti trop loin dans sa logique de l'escalade, ne trouvait pas d'autre choix que de rechercher la réconciliation sous peine de se mettre définitivement à dos la communauté mondiale. La rencontre du Conseil des présidents de l'UMA annonce sans aucun doute le début du dégel dans les relations entre Alger et Rabat, mais aussi une reprise du processus d'édification de l'UMA depuis que le Maroc en avait bloqué la dynamique, en 1994 à cause, on s'en doute, de la question du Sahara occidental.