Les «oui» et les «contre» de la Constitution se battaient à coups de pierre hier à Alexandrie A Alexandrie, islamistes partisans du «oui» et opposants prônant le «non» ont échangé des jets de pierres, amenant la police antiémeutes à intervenir avec des tirs de gaz lacrymogènes pour les séparer. Des heurts entre manifestants ont fait hier six blessés à Alexandrie, dans le nord de l'Egypte, à la veille de la seconde phase du référendum sur le projet de Constitution qui provoque de fortes tensions depuis plusieurs semaines. A Alexandrie, islamistes partisans du «oui» et opposants prônant le «non» ont échangé des jets de pierres, amenant la police anti-émeutes à intervenir avec des tirs de gaz lacrymogènes pour les séparer. Six personnes ont été blessées, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé. Les violences ont eu lieu aux abords d'une grande mosquée de la deuxième ville d'Egypte, où des affrontements similaires avaient déjà fait une quinzaine de blessés il y a une semaine. L'imam salafiste de la mosquée, Ahmed el-Mahallawy, est accusé par les opposants d'appeler ouvertement à voter «oui» au référendum. Le religieux a démenti prendre parti, tout en souhaitant dans son prêche que le mandat du président islamiste Mohamed Morsi soit «une ère de prospérité, de sécurité et de paix». Comme Le Caire, Alexandrie a déjà voté samedi dernier pour ce référendum qui se tient à une semaine d'intervalle dans deux parties du pays. Le «oui» l'a emporté par près de 57% des voix lors de la première phase, selon des chiffres encore officieux. Cette avance fait présager une approbation du projet de Constitution à l'échelle nationale mais de nombreux analystes estiment que la victoire pourrait ne pas être assez large pour constituer le succès personnel que le président Morsi espère. «Tout suggère que le vote ira dans le sens que veulent les Frères musulmans», dont est issu le président, estime Hassan Nafaa, un éditorialiste du quotidien indépendant al-Masry al-Youm. Mais les Frères «auraient tort d'en conclure que cela leur donne un mandat pour continuer sur la voie qu'ils ont choisie pour l'Egypte», ajoute-t-il. Le scrutin d'aujourd'hui concernera 17 gouvernorats, notamment les villes du canal de Suez (Port-Saïd, Ismaïliya, Suez), la cité touristique de Louxor (sud) ou encore Guizeh, qui englobe la périphérie ouest du Caire. Quelque 120.000 soldats ont été mobilisés en renfort de la police pour assurer la sécurité des bureaux de vote. L'opposition estime que ce scrutin est d'ores et déjà entaché de nombreuses fraudes et irrégularités au profit du «oui». Ce référendum se tient également dans un contexte de grave crise économique. Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), et conduit M.Morsi à geler des hausses de taxes qui auraient pesé sur le climat social. Mohamed El Baradei, le chef du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition, a estimé que «le pays est au bord de la faillite», dans un message vidéo posté sur Internet dans la nuit. L'ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU a estimé «qu'une solution est encore possible» si M.Morsi accepte un «dialogue sincère» permettant de revoir le projet constitutionnel pour qu'il soit plus consensuel. Le chef de l'Etat, qui recevait des ambassadeurs jeudi, a quant à lui assuré que l'Egypte «veut parachever sa transition démocratique» engagée après la chute de Hosni Moubarak en février 2011, a rapporté son porte-parole Yasser Ali. L'opposition estime que le projet de Constitution ouvre la porte à une islamisation accrue des lois et des institutions, et présente de graves lacunes en matière de protection des libertés. Les partisans de M.Morsi en revanche estiment que le texte permettra enfin de doter le pays d'institutions stables, après la période mouvementée qui a suivi la chute de M.Moubarak. De très violents affrontements entre partisans et adversaires de M.Morsi devant le palais présidentiel avaient fait huit morts le 5 décembre.