La démarche des organisateurs du rallye constitue une reconnaissance de fait de la Rasd. La 25e édition du fameux rallye français Paris-Dakar transitera cette année par les territoires du Sahara occidental. Cette annonce faite par les organisateurs de l'une des manifestations sportives les plus controversées est intervenue à la suite de la saisine de la République sahraouie (Rasd) qui a officiellement donné son accord au passage, sur son territoire, des véhicules tout-terrains engagés dans cette course, devenue quasi mythique, au fil des éditions. Au-delà de l'aspect strictement formel de l'accord conclu avec les autorités sahraouies, il convient de souligner que la démarche des organisateurs du rallye constitue une reconnaissance de fait de la Rasd, ce qui n'a pas été le cas lors de l'édition précédente où le Front polisario avait brandi la menace d'une action armée dans le cas du passage des concurrents sur son territoire. Une situation qui a obligé une déviation du trajet, ce qui avait été interprété comme un camouflet au Palais royal marocain qui réclame ces territoires. La prise de langue par les organisateurs du rallye directement avec la Rasd pour cette 25e édition, ne fait que confirmer la perte de crédibilité de Rabat sur la question du Sahara occidental. Et comme pour affirmer son autorité sur ces territoires, les dirigeants du Sahara occidental souhaitent «plein succès à l'édition 2004 du Paris-Dakar». En effet, la Rasd, reconnue par de nombreuses nations, vient à travers cet «exploit diplomatique» confirmer l'isolement du Maroc sur le dossier de sa décolonisation, objet d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU que le royaume chérifien refuse obstinément d'appliquer. Rappelons que le rallye Paris-Dakar passait initialement par l'Algérie avant d'être «détourné» sur le Maroc à cause de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. Le Palais royal, qui ne s'est pas empêché d'instrumentaliser politiquement cet état de fait en louant la sécurité de son territoire, est pris à son propre piège. En effet, s'il refuse le passage aux pilotes automobiles du Paris-Dakar pour des raisons politiques, ces derniers feront sans doute une proposition à l'Algérie qui, selon des sources bien informées, ne refusera pas. Dans le cas où il laisserait faire, il s'isole de lui-même.