Manifestation sportive majeure, le Dakar 2008 a été annulé par ses organisateurs à la veille de son coup d'envoi depuis le Portugal. La 30e édition de ce gigantesque rallye n'aura donc pas lieu en raison de menaces terroristes qui rendaient quasi périlleuse pour les participants la traversée de la Mauritanie qui devait abriter huit longues étapes et où sévissent des groupuscules affiliés à Al Qaïda. Si les organisateurs du Dakar ont été contraints à cette décision, c'est parce que les autorités françaises leur ont certainement fourni des informations étayées sur la réalité des dangers encourus. Car le rallye est sous-tendu par des enjeux financiers tellement colossaux que la seule éventualité de son annulation représentait une tentation suicidaire pour ses organisateurs. D'autant plus que le rallye était en danger depuis de nombreuses années et que son tracé a été infléchi par la montée des tensions sécuritaires dans les pays africains traversés. En 2000, les organisateurs avaient été obligés de transférer le matériel de course du Niger vers la Libye à bord d'un Antonov 124 russe. Le choix de la Mauritanie avait pu paraître présenter des garanties. Or c'était compter sans le fait qu'une épreuve aussi fortement médiatisée que le Dakar allait inévitablement susciter des entreprises terroristes. Le facteur déclenchant aura été l'assassinat, à quelques semaines du départ du Dakar 2008, de quatre touristes français en Mauritanie suivi d'une attaque terroriste contre une caserne de l'armée mauritanienne et son dépôt d'armes. Cette conjonction de faits a dû pousser les autorités françaises à ne plus faire confiance à la Mauritanie pour protéger efficacement le rallye auquel prennent part des pilotes qualifiés mais aussi des personnalités très en vue du monde artistique et médiatique. Un attentat contre le Dakar 2008 aurait eu un retentissement hors du commun tant la concentration de chaînes de télévision, de radios et de journaux à grand tirage y est grande. Les organisateurs ont dû se rendre aux arguments des autorités françaises et ils y ont été d'autant plus contraints et forcés que le temps ne leur laissait plus l'alternative d'un plan de rechange. Dans le même temps, il est notable que la nébuleuse terroriste qui a pu faire planer des menaces d'attentat sur le rallye voudrait tirer des avantages d'une situation aussi inédite. L'annulation du Dakar 2008 semble en effet disqualifier le gouvernement mauritanien dans sa capacité de protéger les étrangers sur son sol, tout autant qu'elle illustre le manque de concertation flagrant entre les organisateurs du rallye et les autorités françaises, à l'évidence prises de court. C'est un coup dur pour la Mauritanie et la France tout à la fois. L'avenir du rallye est pour le moins compromis tant sa dimension essentiellement africaine est liée à des zones de turbulences réelles ou planifiées de sorte à installer l'insécurité dans les pays traversés. Dans une telle logique, le rallye n'en finissait pas d'être l'otage de manœuvres de déstabilisation répétées. Tant et si bien que les voies du Dakar soient devenues impénétrables. Au vrai sens du mot.