Les jeux semblaient être faits bien avant le verdict de l'urne Hier, lors des sénatoriales à la wilaya d'Alger, l'ambiance était au travail de coulisses. Le rendez-vous, loin d'être chaud, était plutôt empreint d'un cachet de calme et de bonhomie apparent. C'est que l'opération concernait «l'élite» du pays, les représentants du peuple, dira un député. Vers 17h, aucune tendance ne se dégageait encore, alors même que l'organisateur en chef de toute la logistique de la wilaya d'Alger, M.Boudina soutenait que vers 13h plus de 60% des votants avaient déjà opéré leur choix. Néanmoins, cette journée fut un vrai concentré de paradoxes, pour avoir vu la présence «inopinée» d'élus FFS, dont M.Aït Chérif Ahmed, élu APW et membre du secrétariat national du plus vieux parti d'opposition. De même que celle d'éléments du mouvement de redressement dont la ponctualité à cette échéance décisive fut pour le moins surprenante. De fait, tout le décor est planté pour un scénario de lobbying et de jeux d'alliances inédites. Ainsi naquirent à la faveur de cette occasion «des entrées en intelligence» surprenantes à l'instar de celle des deux antagonismes: MRN de Abdallah Djaballah et RND. Une alliance que commente M.Ziane Abdelkader, élu APC à Birkhadem: «L'alliance avec le RND nous permet une fois pour toutes de faire comprendre à l'opinion que nous ne sommes pas des terroristes, en mettant en échec le stéréotype voulant faire croire que le RND ne s'alliera jamais avec un parti islamiste; finalement nous avons bien des points en commun; n'est-ce pas ce dernier qui donna son assentiment pour notre motion anti-importation de spiritueux, votée à l'APN?» Il poursuit en disant que grâce au jeux d'alliances, sa formation peut prétendre à s'imposer comme deuxième force politique à l'échelle de la capitale et du pays. RND et MRN auront négocié des «wilayas» contre d'autres, à l'exemple de Annaba. Le MRN laisse entendre que nul n'a l'exclusivité du nationalisme et qu'il demeure ouvert à toutes les forces vives de la nation. Par ailleurs, les forts relents du clivage légalistes et redresseurs FLN, renforcé par le verdict du gel des activités du FLN version 8e congrès, ne pouvaient passer inaperçus; des blocs antagonistes se sont carrément constitués en arrière-plan. Et chacun y allait de son commentaire. Certains se sont clairement revendiqués du septième congrès et d'autres, étiquetés de redresseurs, ont tout de go montré leur stratégie en déclarant ne pas avoir beaucoup de chances de passer à Alger. c'est que les redresseurs, auxquels d'aucuns reprochent d'avoir franchi le seuil de la wilaya et, contrairement à des députés et autres élus, sans présentation de badges ni de cartes d'adhérent au parti, ont manifestement donné leur soutien au RND fort d'un M.Khodja, l'un des huit candidats proposés pour Alger. Ce dernier, véritable routard de la politique dans la capitale, pour avoir été élu déjà en 1975 à l'APC d'Alger, s'est dit heureux du choix porté sur sa personne tant que le but est de servir le peuple et non plus une quelconque idéologie partisane. Finalement, la part du lion en matière d'influence et de lobbying revient à tout égard aux représentants du FFS qui ont su saisir cette opportunité, même s'ils brandissent l'argument de surveillance du scrutin et de son déroulement, leur rôle aurait tout de même été grand lors des opérations d'alliances pour «raison de démocratie», entendrons nous de la part de bouches indiscrètes au fait de ce qui se passait autour du bureau de vote. Puisque des indiscrétions ont laissé entendre que «même le FFS, en dépit du boycott qu'il affiche officiellement, aurait joué en coulisses et voté en fonction de ce qui l'arrange le plus», une information non confirmée auprès des militants de ce parti, lesquels se sont contentés de se déclarer: «Parti radical-socialiste, donc proche du peuple, nous avons tôt instruit nos élus du devoir du boycott. Ce scrutin ne réglera pas les problèmes de l'Algérie, d'où notre décision de rejet. Nous revendiquons une constituante et demandons le report de la présidentielle, le scrutin est anormal d'autant que les redresseurs sont là. Tout cela n'est qu'une façade de démocratie», concluent-ils.