Voilà neuf ans déjà que quittait, en décembre 1994, cette vie éphémère, à l'âge de 84 ans, cheikh Si El-Missoum El-Mechri pour rejoindre l'Eternité. Aujourd'hui, ce n'est pas une apologie funèbre que nous écrivons sur lui mais un témoignage modeste et un souvenir combien fugitif sur un homme fier de son authenticité, habillé de savoir et ouvert au progrès universel. Issu du douar «Béni Louma», au nord-ouest de Tiaret, où il naquit en 1910, cheikh Si El-Missoum coudoya très jeune la moquette de la zaouia «Sedjrara» où il apprit le Saint Coran jusqu'à l'âge de seize ans, avant de quitter son village pour fréquenter les mosquées de Mascara, Beni Chougrane, Mazouna et El-Attaf à la conquête de préceptes plus approfondies. En 1939, il fit son retour au bercail et rejoint la mosquée «Ould Bella» où il haranguait la foule des fidèles en faisant l'exégèse du Livre Saint, avant sa nomination, le 12 octobre 1955, en qualité d'imam et prêcheur au sein de la mosquée de Rahouia qui venait d'être inaugurée. Déterminé quant à la discipline et la clarification des objectifs et des voies allant au recouvrement de la personnalité nationale et, au-delà, à la libération du pays du joug colonial, il intégra les rangs de l'ALN en 1956 avant son arrestation, le 21 mai 1957, qui le mena aux prisons de Zemmora, Oued Rhiou et Mostaganem. Libéré quelque temps après, il connut une seconde incarcération en 1958, suite à l'explosion du siège du département français à Tiaret. Après la mosquée de Rahouia où il assurait les prêches dès le lendemain de l'indépendance nationale, Si El-Missoum sera désigné, en 1973, comme secrétaire conseiller auprès de la Direction des affaires religieuses de la wilaya de Tiaret. Soixante-huit ans durant, cheikh Si El-Missoum prêchait de manière pédagogique et méthodique, dans un langage simple et accessible à toutes les masses, le retour à l'islam originel, basé uniquement sur le Coran et la Sunna. Faisant du triptyque (authenticité, savoir et progrès), un système de référence, il prônait la formation des jeunes et des enfants qu'il admirait chaleureusement car, disait-il, ils sont synonymes de poutres maîtresses de la nation. «Sa sincérité inéluctable et la foi ardente qu'il vouait à l'amour d'autrui faisaient de lui un imam exemplaire», disait de lui Hadj Mohamed Chaâlal. Par ailleurs, la meilleure façon de rendre hommage aujourd'hui à cheikh Si El-Missoum, est de nous atteler à préserver le patrimoine historique et religieux de ceux qui ont étayé la relation entre l'homme et son passé atteignant parfois les sommets de la bienfaisance morale, matérielle et spirituelle.