«Pourvu que cela se renouvelle» «Dans le monde, c'est 6% qui reviennent aux artistes. En Algérie, c'est 1,5%. C'est injuste. Nous travaillons pour mettre en place un calendrier raisonnable pour qu'on passe de 1,5 d'abord, à 4% en 2013, ensuite à 6%», a déclaré Mme Toumi. A l'occasion de la deuxième régularisation des répartitions de droits dus aux auteurs, aux artistes interprètes et aux producteurs, l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda) a organisé une cérémonie jeudi dernier à la résidence Djenane el Mithaq d'El Biar où un dîner gala animé par la troupe El Ferda a été offert devant un échantillon de ce que peuvent être les représentants de la communauté nationale des auteurs, des artistes dont des comédien(nes) à l'image de Farida Saboundji ou Bahia Rachedi. Pour rappel, la première étape de ce programme de régularisation a vu la mise en répartition, dès le mois d'avril dernier, de près de 400 millions de dinars au profit d'auteurs algériens et étrangers, dont une part reversée au titre de l'utilisation des oeuvres relevant du patrimoine culturel traditionnel algérien et du domaine public. Ainsi, lors de cette soirée, il a été annoncé la mise en répartition de plus de 240 millions de dinars au profit d'auteurs, d'artistes et pour la première fois officiellement en Algérie, au profit de producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes, spécialisés principalement dans le secteur musical. Ainsi, après avoir récompensé quelques éditeurs de disques (Akbu, Tobna..), des artistes tels cheb Anouar ou Reda Doumaz, enfants hérités d'artistes tels le fils de Mahboub Bati ou encore la fille de Hachemi Gerrouabi, le producteur et animateur de l'émission pour jeune Serrial Taggueur, Yazid Aït Hamadouche a été le lauréat (amplement mérité) du prix l'Ompi (L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) pour le sens de l'entreprise et l'esprit de créativité dans il fait preuve au sein de la chaîne. Notons que Yazid Aït Hamadouche est aussi chef du département Jeu et Variétés. Côté chiffres, le communiqué de l'Onda révèle que le nombre de bénéficiaires au titre des auteurs nationaux est de 4280, alors que celui des auteurs étrangers est de 1113. Au titre des artistes interprètes, le nombre de bénéficiaires est de 855. Celui des producteurs étant de 60. Le nombre global de bénéficiaires de cette nouvelle répartition est de 6 308 titulaires de droits. «L'année 2013 permettra à l'Onda, la résorption de tous les retards de répartition de droits, notamment ceux afférents aux programmes de certaines chaînes de radio locales, au téléchargement d'oeuvres musicales et aux spots publicitaires. L'Office restera attaché aux engagements pris pour rétablir tous les auteurs et tous les artistes dans leurs droits. L'Onda, dont la vocation est la gestion collective des droits d'auteur et droits voisins en Algérie, fêtera en 2013 son 40e anniversaire.» Rencontré en aparté, Khalida Toumi, ministre de la Culture a reconnu que l'Onda, pendant des années, n'a pas été à la hauteur. «Notre rôle, notre devoir était qu'elle le devienne. Il y a une nouvelle équipe, vous avez dû vous en rendre compte. Il y a depuis avril dernier une vraie politique des répartitions des droits, et c'est palpable. Nous faisons ces cérémonies parce que nous voulons que les artistes voient de leur propres yeux. C'est la 3e séance de répartition que nous organisons de façon publique. Cette séance a une particularité c'est que c'est la première fois que l'Onda va répartir les producteurs de contenu. Ils n'en ont jamais eu. C'est-à-dire les producteurs de CD et ce sont les compagnons des artistes. C'est la première fois qu'ils vont avoir leurs droits, c'est extraordinaire. Pourquoi tout ce retard? Parce que pour répartir, il vous faut une clé de répartition. C'est compliqué à mettre en place. Le travail exige une technicité, et un travail de synthèse par rapport à ce qui se fait dans le monde. Ce n'était pas tout à fait. Maintenant, il y a une équipe extraordinaire qui est en train de travailler. Elle a tout mis en place, toutes les clés de répartition. Il nous en manque une seule qui est très compliquée, car elle est liée aux nouvelles technologies. Ces dernières se développent très vite. Ils sont en train de travailler à partir des autres exemples dans le monde. On n'a pas beaucoup de retard, cinq années par rapport au reste du monde. Mais je peux vous assurer qu'en 2013 ce sera réglé!» Qu'en est-il des autres artistes, musiciens et chanteurs, notamment qui se plaignent à chaque fois de l'absence ou manque de réapparition de leurs droits et redevances? A cette question, Mme Toumi, rétorque: «Depuis avril 2012, il y a une très grande justice et équité. Ce n'est plus une affaire administrative, mais une affaire de clé de répartition. C'est scientifique.» Et de relever avec inquiétude: «Nous avons un autre problème à régler, c'est avec nos partenaires. La télé et la radio. Ils déclarent bien sûr, mais le taux est trop petit. Ce que prélèvent les artistes c'est infime par rapport à la masse d'utilisation de leur oeuvres. Cela nous allons le régler avec des négociations. Dans le monde, c'est 6% qui reviennent aux artistes. En Algérie, c'est 1,5%. C'est injuste. Nous travaillons en négociation avec nos partenaires; que ce soit la communication, mais aussi les nouvelles technologies - il y a au moins deux ministères - pour qu'on mette en place un calendrier raisonnable pour qu'on passe de 1,5 d'abord à 4% en 2013 ensuite à 6% comme cela se passe dans le reste du monde. Aujourd'hui, c'est une poignée qui est invitée, on ne peut pas inviter tout le monde... c'est un échantillon de ces artistes. Cela concerne plus de 8000 personnes. Aussi, vous pouvez être fier d'une chose: nous sommes le seul pays arabe à payer les artistes des autres pays, notamment maghrébins et arabes. L'Algérie ne vole pas les droits des gens.» Enfin, la question cruciale de la piraterie n'était pas au menu du jour.