Le sort de Tahar Touati, qui n'apparaît pas sur la vidéo, demeure énigmatique Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a réagi à la vidéo en disant que l'Etat est mobilisé pour libérer les diplomates. A quelques jours de leur 10e mois de détention entre les mains du Mujao, les otages algériens retenus au Mali se sont exprimés hier dans une vidéo. Ils demandent aux autorités algériennes de tout faire afin de rejoindre leurs foyers sains et saufs. Les diplomates otages du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest n'ont été autorisés à prononcer que peu de mots dans cette vidéo d'une minute et 46 secondes mise en ligne par l'agence d'information mauritanienne Alakhbar. Les otages font appel au président de la République pour tout entreprendre afin de les libérer. Ces propos auraient pu être enregistrés en novembre dernier. Seuls trois otages apparaissent à l'image assis à même le sol entourés par leurs ravisseurs armés. Cela sème le doute sur le sort d'un quatrième diplomate kidnappé par les ravisseurs. Le 5 avril 2012, sept diplomates étaient enlevés mais trois d'entre eux ont été libérés en juillet. Des informations selon lesquelles un des diplomates aurait été exécuté ont été démenties par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. C'était le 17 septembre dernier. Il avait indiqué qu'il n'y avait pas de preuve matérielle de l'élimination du diplomate Tahar Touati, détenu par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest. Les otages exhortent les autorités à trouver une solution «en acceptant les conditions de la jama'a pour qu'on puisse revenir à nos familles». Un otage ajoute: «Nous avons eu l'occasion de quitter le ville de Gao avant notre enlèvement, mais sur ordre du ministère des Affaires étrangères, nous sommes restés pour offrir les services à la diaspora.» Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a réagi à la vidéo en disant que l'Etat est mobilisé pour libérer les diplomates et que les contacts avec différents interlocuteurs et via différents canaux se poursuivent. Il a affirmé que la cellule se réunit de manière régulière et maintient un contact continu avec les familles des otages. Cette vidéo est rendue publique au moment où Ansar Eddine, l'un des groupes occupant le nord du Mali, a remis une plate-forme politique au président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne. Des membres du groupe sont régulièrement reçus à Alger et ils ont déjà tenté de négocier la libération des otages. Vont-ils reprendre leurs bons offices jusqu'à l'obtention de leur libération? Ces informations coïncident aussi avec les efforts des membres de la communauté économique d'Afrique de l'Ouest de déployer une force militaire au nord du Mali pour débarrasser la région de la présence d'Aqmi et du Mujao. L'Algérie continue de se déclarer opposée à toute intervention au Mali. Il est craint que cette option ne puisse réduire les chances de libération des otages. Le Mujao n'a jamais cessé ses menaces de tuer les otages si Alger ne répondait pas favorablement à ses demandes. Officiellement, ces dernières sont accueillies avec beaucoup de méfiance. De toute façon, les autorités ne commentent pas ce genre d'informations. Le Mujao avait d'ailleurs fait une annonce le 2 septembre dernier selon laquelle le vice-consul, Tahar Touati, avait été exécuté au terme d'un ultimatum pour la libération de jihadistes en Algérie. Les autorités ont toujours indiqué qu'elles ont des informations régulières sur les diplomates détenus. En prenant soin d'ajouter que les négociations se déroulent dans la discrétion. Toute cette affaire s'inscrit dans un contexte particulier avec la proclamation d'un Etat indépendant au Nord-Mali faisant suite au coup d'Etat militaire dans le pays. Toutes ces complications ont certainement rendu les recherches très ardues. Les sept diplomates algériens, le consul et six de ses collaborateurs, étaient d'ailleurs conduits dès leur enlèvement vers une destination inconnue du vaste désert. Les rançons payées par les Occidentaux intéressent terroristes et bandits et encouragent le rapt de ressortissants de nombreux pays. Au Sahel, des ressortissants français, espagnols et italiens sont détenus depuis des mois sans pouvoir être sauvés de l'emprise de leurs ravisseurs.