Du souci pour Belkhadem La rencontre a également été consacrée à «un procès simulé» de M. Belkhadem. Un procès au cours duquel le secrétaire général du FLN a été condamné à perpétuité. Confortés par la démission du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, les redresseurs du parti du FLN, saisissent l'opportunité pour réitérer leur demande de «départ immédiat» et de «la présentation devant les instances compétentes dans le cadre d'une poursuite politique et judiciaire», du secrétaire général actuel, Abdelaziz Belkhadem. Lors d'une rencontre organisée, hier, à son siège de Draria, le mouvement de redressement et d'authenticité du parti a tenu Belkhadem pour responsable du «recul et fléchissement» du vieux parti. Le mouvement a lancé en outre, un appel aux militants et élus FLN les invitant à prendre «une position responsable claire» afin de permettre au parti de «recouvrer sa ligne nationaliste authentique et de concrétiser les idéaux de Novembre». La rencontre a également été consacrée à «un procès simulé» de M.Belkhadem. Un procès parodie, dont les membres du tribunal, ne sont autres que les militants, dont d'anciens ministres et parlementaires. Pour les journalistes présents, ils ne s'agissait ni plus ni moins que d'un carnaval. Un «procès politique» virtuel, alors que tout le monde s'attendait à une annonce forte de la part de ces dissidents. Pourtant, un grand nombre de journalistes, mais également de dissidents du FLN étaient venus assister à cette conférence qui promettait d'être déterminante pour le parti. C'est aux environs de 10h que le chef de file des redresseurs, Abdelkrim Abada, prend la parole devant une salle archicomble. Il commence par faire son discours habituel contre le secrétaire général du parti. Il énumère tous les griefs retenus contre Abdelaziz Belkhadem tels que la «division du parti, corruption, dépassement de ses prérogatives, utilisation du parti à des fins personnelles...». Bref, il fait le constat actuel du parti tout en dénonçant sa mauvaise gestion. Après ce réquisitoire, il lance: «Nous allons organiser un procès politique du secrétaire général du FLN.» Avant de poursuivre que «ce procès symbolique va nous permettre de montrer à l'opinion publique les agissements de Belkhadem», explique-t-il avant d'appeler les membres du «tribunal». Ils sont au nombre de six, dont une femme. Ces derniers se prennent vraiment au jeu! Dès leur arrivée, le «président» du «tribunal» demande à tout le monde de se lever comme dans un vrai tribunal! Ce n'est pas tout! Le «juge», Zibaha Zidane, avocat de son état, présente les membres de son «tribunal». Il demande ensuite au «procureur», Djelloul Benaïdi, de se lever pour faire son réquisitoire. Chose faite de suite. Il inventorie tout ce que le «tribunal» reproche au secrétaire général, avant de donner la parole aux témoins. Abderachid Boukerzaza ouvre le bal des témoins. L'ex-ministre de la Communication s'est prêté au jeu. Il lève la main droite et jure de dire toute la vérité. «Son amour du pouvoir fait qu'il a sacrifié les vrais militants pour se maintenir», lance Boukerzaza. «Il a fait perdre au parti ses valeurs historiques et militantes», ajoute-t-il. «Le FLN est devenu un parti anarchique où le mensonge et la violence règnent», soutient-il. Après le témoignage de M. Boukerzaza, la parole est donnée à l'assistance. Les redresseurs présents dans la salle, venus de toutes les wilayas du pays prennent la parole. Chacun y va de son témoignage pour dénoncer les agissements de Abdelaziz Belkhadem. Tlemcen, Tipasa, Mila, Tiaret, Guelma, Ghardaïa, M'sila,... Les témoignages fusent. Chacun veut prendre la parole, il y a même eu quelques petites altercations. La séance des témoignages se poursuit pendant plus d'une heure, au grand désarroi des journalistes présents. Cette séance a été suspendue après l'intervention du «président du tribunal» qui fait savoir que l'accusé n'est pas présent pour se défendre. Alors, il demande à son «procureur» de citer les chefs d'inculpation retenus contre Belkhadem et sa «bande», dont les noms n'ont pas été révélés. Le procureur égrène les chefs d'inculpation avant de requérir la condamnation à perpétuité contre Belkhadem. Ce qui, aux yeux des membres du «tribunal», est synonyme d'exclusion de l'actuel secrétaire général du parti, précise-t-il. Il demande également à ce que «le SG du parti soit convoqué devant les instances spécialisés pour qu'il réponde réellement des crimes qu'il a commis envers le parti et le pays». Suite à ce réquisitoire, «le tribunal» décide de rendre son verdict en référé et par contumace! «Belkhadem est coupable de tous les chefs d'accusation qui ont été retenus contre lui. La cour pénale décide de le condamner à perpétuité», affirme le «juge» qui souligne que sa cour a décidé de ne donner aucune circonstance atténuante au secrétaire général de l'ex-parti unique. «La cour pénale a également décidé d'envoyer le dossier de Belkhadem devant les autorités compétentes afin qu'il réponde réellement pour les crimes qu'il a commis envers le parti et le pays», soutient le «juge» qui, pris par l'euphorie du spectacle, demande aux autorités de condamner Belkhadem à la prison à vie. Les acolytes de Belkhadem, eux, ont été condamnés pour complicité. La cour gèle leurs activités politiques au sein du FLN. Pour ce qui est du tribunal civil, oui, il y a même un tribunal civil, les accusés sont condamnés à payer une amende au dinar symbolique, lance le juge devant une foule en délire qui était contente du déroulement de la scène théâtrale. Abdelkrim Abada reprend la parole pour demander aux militants d'organiser pareilles «audiences» dans toutes les wilayas du pays. «Les procès que vous allez faire à Belkhadem seront retranscrits avec les témoignages et envoyés au secrétaire général, au président de la République, au ministère de l'Intérieur», a-t-il assuré. Même la presse aura droit à ce rapport, «pour informer l'opinion publique», conclut M.Abada.