Les joueurs africains éprouvent des difficultés à rejoindre leurs sélections. Les clubs européens ont décidé de partir en guerre contre la CAF et sa CAN. Alors qu'approche à grands pas le coup d'envoi de ce grand rendez-vous africain en Tunisie (24 janvier), des informations nous parviennent de certains pays européens dont les clubs voient d'un très mauvais oeil la participation de quelques-uns de leurs joueurs. L'Algérie est concernée par ce problème avec l'affaire Malek Cherrad qui a appris que son club, l'OGC Nice, cherchait à le céder en promettant à l'acquéreur que le joueur ne participerait pas à la CAN. Cherrad vient de répondre à cette sournoise manigance, digne des plus grands escrocs, par un démenti où il atteste qu'il compte bien se rendre en Tunisie avec les Verts. En France, toujours, le club du FC Sochaux a un différend avec son brésilien Santos qui vient d'obtenir la nationalité tunisienne et qui veut jouer avec l'équipe nationale de ce pays. L'entraîneur de celle-ci, Roger Lemerre, l'a d'ailleurs sélectionné. En Angleterre, enfin, c'est le club de Tottenham Hotspur qui veut empêcher Kanoute de rejoindre l'équipe du Mali. Le fait est qu'aujourd'hui le contingent des joueurs africains évoluant en Europe atteint un chiffre mirobolant. On n'oubliera pas de citer, outre ceux qui ont émigré pour monnayer leur talent, tous ceux qui sont nés en Europe bénéficient de la double nationalité et veulent défendre les couleurs de leurs pays d'origine. Et il y a ceux qui comme Kanoute pour le Mali ou comme Ouadah, Yahia ou Beloufa, pour l'Algérie, viennent de bénéficier d'une dérogation de la FIFA pour jouer pour leur pays d'origine après avoir été sélectionnés dans leur pays de naissance. Il y a que les clubs européens n'ont pas tellement tort. Quelques-uns d'entre eux, parmi les plus puissants de la planète (le fameux G 14), font pression sur la FIFA pour qu'elle revoie son calendrier international. Ils peuvent demain s'attaquer à la CAF, et à juste titre, car ils ne comprennent pas ce qu'un événement de la dimension de la CAN vient faire en plein mois de janvier et de février, au moment où les championnats européens sont en compétition. On peut ajouter que les pays d'Afrique du nord ont, eux aussi, matière à critiquer puisque leurs clubs sont, également, en compétition. La CAF va à l'encontre de la logique et préfère s'aligner sur le calendrier de quelques pays africains, qui s'étale sur la période estivale et non pas sur l'écrasante majorité des pays d'Afrique du nord et d'Europe qui envoient à la CAN 90% des joueurs participants. Quand un club, comme celui de Lens en France, voit partir quatre de ses titulaires en Tunisie, il a de solides raisons de se plaindre. Il ne faut pas oublier que les joueurs sont, avant tout, salariés des clubs et le football constitue leur gagne-pain, alors qu'avec leur sélection nationale ils ne font que répondre à un appel du devoir, sans presque aucune gratification, lorsqu'on connaît les limites budgétaires de beaucoup de pays africains. La solution au problème est, donc, au niveau de la CAF qui devrait revoir son mode de gestion des calendriers des compétitions. En Europe, lorsqu'un joueur professionnel rejoint la sélection de ce pays, c'est la fédération de football de celui-ci qui prend en charge son salaire. Ce n'est certainement pas le cas en Afrique où il est demandé au joueur de consentir un sacrifice. Seulement, il faut comprendre ce dernier et sa fédération gagnerait à agir au niveau de la CAF pour trouver une solution qui convienne à toutes les parties.