Une curieuse décision qui rappelle celle prise contre le directeur général de l'Aadl De sources crédibles, on apprend que Aïssa Abdelkrim Benghanem, président directeur général de la Sonelgaz, a été limogé hier, et remplacé par Nordine Bouterfa, responsable d'AEC, une filiale créée entre Sonelgaz et Sonatrach. La nouvelle est tombée tel un couperet au lendemain de la filialisation de cette entreprise. La passation des consignes se fera mardi prochain. Aucune raison n'a été donnée pour expliquer les motivations de cette décision, ajoutent les mêmes sources. En règle générale, dans un SPA, c'est le conseil d'administration qui se réunit pour relever le P-DG avec l'aval des deux tiers des voix du même conseil. Or, il semble que cette règle n'a pas été respectée. «Le P-DG lui même n'était pas au courant de cette décision. C'est sur un coup de fil émanant du ministère de l'Energie qu'il a été remercié.» Ce qui est dans un certain sens grave au regard de ce qu'exigent les règles pratiques économiques. Le conseil d'administration de la Sonelgaz est constitué, entre autres, de représentants de la présidence, le ministère de l'Energie et des Ressources en eau. L'épisode rappelle curieusement celui du directeur général de l'Aadl, M.Bounafaa. Lui aussi a été relevé de ses fonctions, il y a environ deux mois sans raison apparente. Technicien aux compétences avérées, M.Benghanem a fait toute sa carrière au sein de la Sonelgaz, de même d'ailleurs que son remplaçant M.Bouterfa. Il a réussi à créer une dynamique réelle grâce à une équipe ambitieuse de jeunes cadres, laquelle équipe a su gérer l'une des plus graves crises énergétiques à laquelle se trouve confrontée l'Algérie depuis l'indépendance. Il est évident que cette décision du ministère de l'Energie aura des répercussions ne serait-ce que sur le moral des troupes. La crise n'est pas encore terminée puisque la campagne publicitaire lancée pour économiser l'énergie se poursuit encore. Confrontée à un manque de réserves de capacités de production, la direction de la Sonelgaz avait décidé, en juillet dernier, d'appliquer un plan de délestage qui consiste à interrompre l'alimentation en électricité pour éviter des baisses de tention dues à une trop forte demande. Une solution de rechange préconisée par la Sonelgaz afin d'éviter l'effondrement du réseau national. Le P-DG de la Sonelgaz avait précisé, lors d'une conférence de presse, que son département avait prévu cette situation et en avait même averti les autorités compétentes. «On avait prévu cette situation et on avait dit que si on ne mettait pas en application les investissements lancés en 2000, la situation risquerait d'être critique» a-t-il déclaré, ajoutant qu' «il est possible que l'Algérie soit confrontée à des difficultés semblables durant l'hiver prochain s'il s'avère aussi rude que l'hiver 2003.» Pourquoi les responsables en charge de délivrer cette autorisation ne l'ont-ils pas fait? Abdelkrim Benghanem répond que même si sa société jouit du caractère d'une SPA, il n'a pas pour autant les prérogatives qui lui permettent de se lancer dans des projets sans l'aval du conseil d'administration. C'est sans ce dernier qu'il a été également limogé !