A l'hôpital des maladies infectieuses d'El Kettar, les médecins ne signalent aucune augmentation significative des cas de méningite. Plusieurs cas de méningite ont été signalés ces derniers jours à travers le pays. Est-ce une épidémie? Des cas ont-ils été signalés dans les hôpitaux de la capitale? A première vue rien à signaler, puisque aucun mouvement suspect n'a été enregistré dans les établissements hospitaliers d'Alger. Pour en savoir plus, nous avons effectué une virée à travers les principaux hôpitaux d'Alger, à commencer par celui des maladies infectieuses d'El Kettar. Pour arriver à glaner quelques informations, nous avons dû nous introduire discrètement dans les services. Car les journalistes n'ont pas le droit de s'introduire dans les hôpitaux sans autorisation préalable du ministère de la Santé. Et les médecins n'ont pas le droit de parler sans cette autorisation! Par chance, et conscients de l'importance de l'information pour l'opinion publique, des médecins ainsi que des étudiants en médecine ont accepté de répondre, sous le sceau de l'anonymat. «Pas d'épidémie à signaler pour le moment», ont rassuré la majorité des praticiens de la santé rencontrés. «En cas d'épidémie, la direction de l'hôpital nous met au courant pour prendre les mesures nécessaires et déclencher un plan spécial», ont-ils expliqué. «Ce qui n'est pas le cas pour le moment, ajoutent-ils. Ont-ils remarqué l'augmentation des cas de méningite ces derniers jours? «L'hôpital est spécialisé dans la prise en charge des maladies infectieuses, on reçoit très souvent, si ce n'est tous les jours, des cas de méningite», assure un médecin. «C'est la fréquence normale, rien à signaler... en plus, les cas de méningite que nous avons sont de type viral, donc pas contagieuse et pas vraiment dangereuse», affirme-t-il en expliquant l'existence de deux types de méningite: viral, qui n'est pas contagieuse et bénigne et bactérienne qui, elle, est très contagieuse et très dangereuse, car elle peut aller jusqu'à provoquer la mort. «La forme bénigne ne doit pas être confondue avec la méningite bactérienne à méningocoque, beaucoup plus dangereuse», signale-t-il. Un autre médecin nous fait savoir que le service dans lequel il travaille, «wida», a accueilli mercredi deux enfants atteints de méningite. «Mais c'est des cas viraux», rassure t-il. Son amie qui l'accompagnait, un autre médecin de l'hôpital, nous signale qu'un cas de méningite bactérienne est présent dans le service des nouveau-nés. «C'est un cas de méningite bactérienne. La bactérie est venue de l'étranger. Son père en voyage, l'a contractée en Italie», précise-t-elle. «A part cela on n'a pas remarqué une augmentation significative qui laisserait entendre l'existence d'une épidémie», soutient-elle. «Toutefois, on ne peut être sûr de rien. Il se peut qu'il y ait une épidémie qui n'a pas encore atteint l'Algérois, puisque d'autres cas ont été signalés dans d'autres régions du pays», certifie-t-elle en précisant que l'épidémie peut se propager à une grande vitesse. «On va être plus vigilants maintenant et si on remarque un nombre élevé de méningite on va vous le signaler», poursuit-elle. A la question de savoir si la bactérie peut se propager à cause de seringues utilisées pour l'anesthésie, ce médecin affirme que l'hypothèse est plausible. «Toutefois, j'ai parlé à un ami réanimateur qui m'a dit que même si c'est une hypothèse plausible, les chances qu'elle en soit la raison sont très faibles», souligne-t-elle. «Mais ça reste une hypothèse car à l'automne dernier aux Etats-Unis, une épidémie de méningite a été provoquée à cause d'une injection infectée par un champignon parasite. Des injections qui étaient destinées à traiter les douleurs de dos. Donc, cette éventualité est plausible», rapporte-t-elle. Autre possibilité, «l'infection à cause d'un matériel qui a été mal stérilisé», précise-t-elle. «L'infection à cause d'une bactérie ramenée par les voyageurs est aussi une possibilité comme c'est le cas du nourrisson que nous traitons au niveau de l'hôpital», témoigne-t-elle. Notre tournée à l'hôpital d'El Kettar nous a quelque peu rassuré. Nous décidons cependant d'aller faire un tour aux services des urgences et de pédiatrie de l'hôpital Mustapha. Comme à El Kettar nous avons dû nous infiltrer discrètement. Mustapha, Parnet, Kouba, Zmirli...la réponse a été la même. «Rien d'anormal. On n'a pas remarqué un nombre élevé de cas de méningite», témoignent-ils. «En plus, cela ne se traite pas chez nous, si on suspecte un cas on l'envoie à El Kettar, où il doit subir une ponction lombaire pour confirmer ou infirmer la contamination. Alors, si vous voulez savoir s'il y a une épidémie de méningite à Alger, il faut vous rendre à l'hôpital d'El Kettar», affirment les médecins rencontrés. Pour le moment, donc, il n'y a pas d'épidémie de méningite signalée à Alger. Des déclarations de praticiens qui ont au moins le mérite de rassurer les citoyens, en l'absence d'une réaction du ministère de la Santé.