les médecins jugent la situation tout simplement explosive. L'Algérie connaît un été de tous les dangers ; une flambée épidémique sans précédent s'empare des villes les plus peuplées du nord du pays, après la peste à Oran, le danger des maladies virales plane maintenant sur l'Algérois, où les plus éminents professeurs tirent la sonnette d'alarme. Ils jugent la situation tout simplement explosive. Ces derniers jours, la conjonctivite et autres maladies virales dont la méningite, sont signalées çà et là, à la lisière de la capitale. Cette fois la conjonctivite a frappé de manière impressionnante les plages ouest d'Alger, où, même le huppé Club-des-Pins n'a pas été épargné. L'eau polluée des plages a jeté au visage des estivants tout le fiel d'une pollution chronique. L'hôpital de Beni Messous a admis aux urgences ophtalmiques rien que ces quinze derniers jours un nombre record de patients, de jeunes adultes en majorité. Le professeur Nouri, éminent ophtalmologue qui exerce dans ce CHU, évoque, sans préciser l'aire géographique touchée par l'épidémie, des centaines de cas, voire cinq cents personnes touchées par un virus non encore identifié et responsable de la conjonctivite. Maladie éminemment contagieuse: «Nous avons jugé la situation tellement grave que nous avons fini par alerter le ministère de la Santé», précise-t-il. D'après ce spécialiste, il s'agit bien d'une pathologie virale et non bactérienne, vu que les symptômes ne s'accompagnent pas de secrétions purulentes, l'essentiel de l'étiologie se résume en un ensemble de signes: picotements, lourdeur et rougeur des yeux, oedème et photophobie. L'on rassure néanmoins que cette forme virale est de loin beaucoup moins grave que la forme bactérienne, qui est beaucoup plus grave. Si la première se déclare quarante-huit heures après la baignade et met uniquement trois à quatre jours pour guérir complètement sans risques de complications majeures, la seconde, bactérienne, tout comme pour le trachome, peut si elle n'est pas convenablement traitée, donner lieu à des ulcérations de la cornée qui peuvent entraîner une opacité de cette dernière et par voie de conséquence une baisse de la vision. A Béni Messous, les choses semblent rentrer maintenant dans l'ordre mais les médecins demeurent dans l'ignorance de l'agent coupable de l'épidémie de conjonctivite, ils disent avoir fait face à des symptômes inédits, entre autres une forte fièvre accompagnée d'une rhinopharyngite, tout le contraire du schéma symptomatique classique. Cependant et heureusement, tous les malades admis aux urgences ophtalmiques sont à présent hors de danger et ont tous rejoint leur domicile. Au même moment nous apprenons l'admission quotidienne d'une trentaine de cas de méningite virale au service infectieux de l'hôpital d'El-Kettar d'Alger. Tous les malades sont recensés dans la proche banlieue de la capitale. L'on cite également de nombreux cas de rougeole dans le même établissement hospitalier, certaines victimes de cette maladie seraient originaires de la wilaya de Boumerdès, wilaya répertoriée comme foyer endémique de la rougeole bien avant le séisme du 21 mai dernier. Le professeur Nouri dit avoir prédit le retour des conjonctivites saisonnières mais cette fois les chiffres induits par la pandémie le laissent coi. Désormais les risques de maladies infectieuses ou virales sont hautement élevés dans tout le pays. Aucune ville n'est à l'abri. Bien qu'Alger soit particulièrement menacée, avec la présence de décharges publiques à ciel ouvert et la détérioration des réseaux d'assainissement, il est impératif d'étendre le dispositif de prévention à toutes les plages du littoral. En attendant, les Algériens n'en finissent pas de se tenir le ventre.