La détermination du salaire par l'Assemblée populaire nationale (APN) est l'une des revendications phares des magistrats. Le Syndicat national des magistrats voudrait se débarrasser de 10 ans de contentieux hérité de l'ère de l'ex-ministre de la Justice Tayeb Belaïz. «Ce contentieux pourra être réglé dans 10 à 15 ans peut-être», a commenté hier le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aïdouni, à la tête de ce syndicat depuis 2004. Ce magistrat s'exprimait lors d'une conférence de presse organisée au siège du syndicat à Chéraga. M.Aïdouni est d'autant plus confiant que le ministre, qui a pris part à la réunion du Conseil national du syndicat des magistrats, s'est engagé à ouvrir les portes du dialogue en vue de la prise en charge des revendications du corps des magistrats. La détermination du salaire par l'Assemblée populaire nationale (APN) est l'une des revendications phares, des magistrats. Cela sous-entend que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Mohammed Charfi en particulier et le gouvernement en général prendra éventuellement l'initiative de faire une proposition de loi dans ce sens. Selon un magistrat membre du bureau exécutif du syndicat, le magistrat débute avec un salaire équivalent à 4 fois le Snmg pour atteindre au plafond 14 fois le salaire minimum garanti (18.000 DA), alors qu'un responsable d'une simple entreprise publique est payé 10 fois le salaire d'un magistrat». Dans le même ordre d'idées, le président du syndicat souligne qu' «il faut trouver un moyen et des mécanismes à même de mettre le juge à l'abri des pressions des barons». L'indépendance du pouvoir de la magistrature soumise à la commission de consultation politique présidée par Abdelkader Bensalah consistant à introduire un article consacrant la séparation du pouvoir judiciaire de l'exécutif et du législatif- un principe qui devra notamment être reflété dans la composition du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)- figure en bonne place sur la liste des résolutions émises par le conseil national qui a émis des résolutions. Il est notamment question «d'écarter de la composante du CSM le ministre de la Justice et garde des Sceaux», souligne le président du syndicat. Le droit de déterminer ou de prendre en charge son budget et fixer les salaires des magistrats par ses instances habilitées ou léguer carrément cette mission au pouvoir législatif (APN), en sa qualité de représentation du peuple au nom duquel sont prononcés les jugements de la justice, est également mentionné dans la plate-forme de revendications des magistrats. Ces derniers souhaitent aussi porter des rectificatifs concernant les prérogatives qui leur sont attribuées par la loi électorale dans le cadre de la supervision des élections. «Le rôle dédié par les dispositions de trois articles de ladite loi, est largement insuffisant et trop limité pour superviser les opérations électorales», dira M.Aïdouni. Le pouvoir légué au magistrat dans ce cadre «se résume à faire le constat sans toutefois avoir un droit de regard ni sur les opérations de dépouillement ni encore sur l'ensemble de l'opération électorale», indique-t-il. La question de savoir si les magistrats continueront à accepter d'assumer la mission de supervision des élections avec des prérogatives insignifiantes, le président du SNM n'a pas donné de réponse précise. Sachant que la société algérienne est basée sur un seul pouvoir exécutif dominant et qu'il n'est pas tout à fait sûr que les amendements prochains de la Constitution consacreront la séparation des pouvoirs, que les magistrats vont peut-être se contenter de la contrepartie et du volet pécuniaires ou de la prise en charge de leurs revendications salariales.