La médiation judiciaire est une nouvelle culture de gestion des conflits qui participe à la paix sociale. La médiation est une voie originale pour le traitement des litiges. Visant à faire émerger un accord entre des parties à un conflit, elle est encadrée, contrôlée et suivie par le juge, qui l'aura demandée au préalable. Assimilée à une simple parenthèse dans un procès, en cas d'échec, elle permet d'aboutir à des solutions à l'amiable. C'est dans cette optique qu'a été créée l'Association nationale des médiateurs judiciaires. Présidée par Maître Boukhelkal Ali, cette association, récemment agréée, se fixe des objectifs ambitieux. Le premier responsable de cette organisation invite donc le public à se rapprocher des bureaux de la médiation qui sont finalement ouverts auprès des cours de chefs-lieux, lesquelles sont au nombre de trente six (36) et ce pour s'informer du rôle et de l'importance de l'outil qu'est la médiation dans le règlement des litiges. Me Boukhelkal demande également aux médiateurs désireux d'adhérer à l'association, de prendre contact avec les mêmes bureaux, sinon le siège de l'association à Dely Brahim, sur les hauteurs d'Alger. «Notre association a pour mission d'instaurer une nouvelle culture en matière de gestion et de règlement des conflits en Algérie» affirme Me Boukhelkal qui rappelle qu'aux Etats-Unis par exemple, 83% des conflits sont réglés par ce moyen infaillible. Idem pour la Jordanie ou encore le Maroc, deux pays arabes où la médiation a fait ses preuves. Notre interlocuteur signale que le médiateur est nommé par le ministère de la Justice. Ce dernier intervient une fois que les deux parties en désaccord acceptent le principe de la médiation, qui s'avère être un puissant levier pour soulager les tribunaux du poids encombrant des dossiers. La multiplication des procédures entraîne l'engorgement des tribunaux, l'allongement de la durée des procès que tous dénoncent. La justice, réceptacle de la misère humaine et de la souffrance, voit apparaître avec la médiation, la conciliation, la transaction et ce que l'on appelle en général «les modes alternatifs de règlement des conflits», soit une nouvelle culture de gestion des conflits qui participe à la paix sociale. «Les questions et les affaires qui ne sont pas graves pour la législation ou le dispositif judiciaire à l'instar de certains délits relatifs au voisinage, la médiation demeure la meilleure manière qui va inculquer la paix dans la société», soutiennent en effet de nombreux observateurs. En ce début de parcours, Me Boukhelkal et les adhérents de son association, dont deux cent médiateurs uniquement sur Alger, doivent déployer de gros efforts en matière de communication et de vulgarisation afin d'asseoir définitivement la médiation dans les moeurs et aplanir les réticences. Parallèlement à la communication, l'association des médiateurs algériens compte articuler également son action autour de la formation. «Le programme des commissions est tracé et beaucoup reste à faire, il faut trouver les formateurs!» fait savoir Me Boukhelkal qui rappelle l'existence d'une aide de l'Union européenne et l'apport d'un expert spécialisé expressément diligenté en Algérie pour dispenser une formation qui s'étale sur trois années. Bien entendu, séminaires, forums et autres rencontres sont là pour affiner cet enseignement continu. Me Boukhelkal, évoque une oeuvre de longue haleine et énormément de volonté qui sont seules à même de donner forme à une médiation typiquement algérienne qui tienne compte des spécificités nationales. «On ne va pas procéder à l'importation de lois, mais nous devons valoriser nos propres initiatives.» déclare-t-il encore.