Des treize amendements proposés, trois seulement ont été retenus, dont la suppression des bureaux spéciaux. En présence du ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni, royalement ignoré par les députés de Benflis, les députés ont voté la suppression des bureaux spéciaux, dans le cadre des propositions d'amendement de la loi électorale, introduites par le MRN. La remise des listes électorales aux candidats, la mise en place d'une liste supplémentaire des représentants de partis, en cas d'absence de l'un des représentants. Ce dernier, contre toute attente, s'est déclaré «satisfait» du vote. «Je suis conscient que ce texte consolidera la pratique démocratique en Algérie» et d'ajouter que ce dernier devrait conférer aux prochaines élections «davantage de transparence et d'honnêteté». Etonnant de la part d'un ministre qui a surpris tout son monde, en démentant, la semaine précédente, en direct sur les ondes de la Chaîne I, la possibilité de supprimer les bureaux spéciaux, au regard des répercussions négatives au plan de la réduction du nombre d'électeurs. «Sans compter les difficultés du vote par procuration.» Concernant les propositions relatives à la remise des listes électorales aux candidats, M.Zerhouni a estimé que ceci constitue «une atteinte aux libertés individuelles et à la sécurité des personnes». En dépit de ces observations, le gouvernement s'est déclaré «ni contre ni pour une quelconque proposition des membres de l'APN». Interrogé sur cette question, le ministre de l'Intérieur s'est abstenu de tout commentaire. Le texte a été voté par l'ensemble des députés, excepté ceux du PT qui ont émis quelques réserves. Ce dernier aussi a vu tous ses amendements rejetés. Parmi eux, l'utilisation des urnes transparentes pour les élections et la radiation de l'APN des députés qui changent de «casquette partisane». Ce qui n'a pas été du goût des élus. «Les propositions du PT concernent beaucoup plus l'organisation des partis. Dans ce sens, je précise qu'un texte y afférent va être prochainement proposé à l'APN», nous apprend le vice-président de l'assemblée, M.Ben Khelaf. Idem pour le MSP, qui a proposé d'instaurer la procuration pour les étudiants, et le refus d'encadrement des bureaux de vote par des associations satellites. Pour ce dernier amendement, le rapporteur de la commission juridique de l'APN a estimé qu'«il est très difficile d'établir le lien entre les partis et les associations». «Argument très peu convaincant», précise le MSP. «Le rejet du FLN n'est pas une surprise puisque ce parti n'est pas apparemment prêt à se désister de ces associations satellites», nous déclare le député Fateh Guerd. En effet, des treize amendements proposés, trois seulement ont été retenus. Un fait saillant, le RND, qui s'est opposé à cette loi dans ladite commission, s'est joint hier aux FLN, à El-Islah «l'initiateur de la loi» et aux indépendants. «Nous avons prouvé aujourd'hui à ceux qui doutent de notre volonté, que le RND milite pour la démocratie» précise M.Miloud Chorfi, porte-parole du RND, avant d'ajouter que «nous n'avons aucune objection à la suppression des bureaux spéciaux». A la fin de la séance, le vice-président de l'APN a émis le voeu que ce texte de loi soit adopté et arrêté dans les meilleurs délais par les institutions de l'Etat, «pour pouvoir l'appliquer à l'occasion de la prochaine élection présidentielle». «Le texte sera soumis immédiatement au sénat, qui siègera vendredi prochain. Logique-ment, nous avons largement le temps devant nous, sauf en cas d'entraves provoquées par des partis n'ayant pas caché leur opposition à ce texte». Allusion faite au gouvernement d'Ouyahia. M.Ben Khelaf a conditionné la transparence du scrutin par le départ des ministres de l'Intérieur et de la Justice. Le vote de la loi électorale constitue une victoire pour la formation de Djaballah qui l'a initiée. «Nous avons mis tous les partis devant le fait accompli» nous a déclaré l'un des députés du parti islamiste.