Avec Henri Alleg, le réalisateur part à la recherche de ces émotions et ces amitiés d'antant qu'il aimerai bien retrouver aujourd'hui. A la veille de la projection de son film-documentaire «Un rêve algérien», à la salle El-Mougar, le réalisateur algérien, Jean-Pierre Lledo a animé une conférence de presse pour présenter son film. «Pour résumer, dit-il le film parle d'un homme, Henri Alleg, à qui j'ai demandé de revenir en Algérie pour retrouver ses anciens compagnons. Comme c'est moi l'auteur du film, je l'emmène à la fin, dans mon quartier pour lui présenter un ancien ami...». Jean-Pierre Lledo précise, «ce film n'est pas sur Henry Alleg, mais a été tourné avec lui». A travers ce film, il remonte dans le temps, 40 années en arrière pour retrouver «cette fraternité» qui caractérisait cette époque, mêlant en toute harmonie hommes et , juif et arabes sans distinction ethnique ou religieuse. «Ces différences n'existaient pas dans le milieu de Henri Alleg.», et de confier «j'ai toujours vécu dans un milieu pluriel, dans une famille ouverte sur les autres». Au-delà des mots, le réalisateur fait remarquer qu'il a voulu, à travers ces rencontres, ces voyages retrouver ces émotions fortes qui lient les gens. C'est de revivre le passé tel qu'il a été peut-être, d'où le choix du tournage, un documentaire et non pas une fiction qui s'éloignerait des personnes réelles. Le scénario du film, nous apprend-on, a été proposé au printemps 2000 et le film terminé en 2003. Et Jean-Pierre Lledo de souligner «le sujet a été proposé bien avant la campagne sur la torture en France qui a démarré en juin 2000 après la venue de Bouteflika, l'article du Monde sur la torture ou les innombrables témoignages reconnaissant la torture comme celui d'Aussaresses. D'une certaine manière, cela m'a permis de me concentrer sur le sujet qui me tenait à coeur, c'est-à-dire cette fraternité. Ça m'a facilité la tâche». Refusé par Arte et France3, Un rêve algérien nous apprend-on a bénéficié du soutien du CNC, de France 2 Cinéma, de deux commissions du co-producteur belge, Tarentula, Eurimage ainsi que Nawel films, une boîte algérienne montée ici par Lledo et qui a totalement pris en charge le tournage. «Un rêve algérien» a en outre, bénéficié de 3 millions de dinars octroyés par le commissariat de l'Année de l'Algérie en France plus l'aide de sponsors étatiques et privés, sans oublier la contribution du ministère de la Culture et de la Communication et celui des Moudjahidine. «Toutes ces contributions ont permis que le film se fasse et ont démontré qu'on a un enracinement en Algérie.», a confié Lledo. Cette aventure qui a duré 3 ans est née d'un sentiment de partage. D'où le soutien psychologique important aux yeux du réalisateur. «Il fallait qu'on sente que le sujet intéresse les jeunes». En fait, explique-t-il, «ce film est traversé par deux voix, deux fils conducteurs ou narratifs : Henry Alleg qui retrouve ses compagnons et moi, qui essaye de parler aux spectateurs de ma propre évolution». «Un rêve algérien dit-il, est un retour vers l'enfance». Ce documentaire, selon l'auteur, est une manière d'attester d'une chose qui a bien existé. Un message d'espoir et d'altérité qui bannit les frontières raciales ou religieuses. «Il s'agit pour moi, de retrouver ce rêve. Où est-il, où se trouve-t-il?» D'où le périple que le spectateur sera amené à suivre aujourd'hui à 18h à travers ce documentaire-témoignage qui transpose en filigrane «l'idée de la transmission» d'où ces gamins que l'on verra dans ce film et «ces vieux qui ont semé l'espoir dans la nouvelle génération». «Dans ce film, j'ai voulu assurer cette transmission pour moi et vous, pour que la chaîne se rétablisse et ne se perde pas », confie le réalisateur qui affirme à juste titre que ce sont les archives audiovisuelles qui reflètent l'âme d'un pays et de relever enfin, «l'absence d'un cinéma est l'une des causes de ce qu'on a vécu. Car les Algériens ne possèdent pas une image crédible d'eux-mêmes». Pour se regarder en face, donc, un rendez-vous avec le grand écran s'impose. Après Alger, le film atterrira dans les salles de cinéma de Tizi Ouzou, Constantine et Annaba. Avis aux amateurs.