Pour le monde entier, Henri Alleg c´est La Question : une pièce à conviction accablante dans le procès des abus de la France coloniale. Quand cet homme accepta l´idée de mourir pour un pays qui n´est pas le sien, il avait alors 36 ans... Militant de la première heure pour l´indépendance, directeur d´Alger républicain, le seul quotidien anti-colonial, Henri Alleg fut l´un des premiers à dénoncer la torture pratiquée par l´armée française dont il fut lui-même victime. Pour les Algériens, Henri Alleg, c´est d´abord un journal mythique, Alger républicain...Mais c´est également la preuve qu´une autre Algérie était possible, où tous les siens auraient pu vivre ensemble... Henri Alleg, c´est La Question, un livre publié en 1958, en pleine guerre d´Algérie, où il s´est fait arrêter par les paras pour l´avoir publié. Henri Alleg résista aux tortures et à l´emprisonnement. Il put donc "en raconter des choses. " Et sans être un "gros bouquin", son témoignage est un témoignage hallucinant, un texte brûlant, un "J´accuse", une pièce à conviction accablante dans le procès de s de la France coloniale. C´est dans la cellule 72 de la prison civile d´Alger, où il allait passer trois ans, qu´Alleg consigna par écrit pour l´Histoire le récit des supplices qu´il venait de subir. Achevé en novembre 1957, le texte de La Question parut en février 1958, et fut saisi en mars. Son ouvrage fut adapté à l´écran, sous le titre homonyme La Question, par Laurent Heynemann, en 1976. Avec le documentaire Un rêve algérien, qui sera projeté en avant-première ce mercredi à la salle du Mougar, le réalisateur Jean-Pierre Lledo rend hommage à Henri Alleg. Quarante ans après la fin de la colonisation française, à la demande du réalisateur, Henri Alleg retourne en Algérie, le pays qui l´avait accueilli en 1939. Cloîtré dans une voiture escortée par un convoi sécuritaire, il va de ville en ville, d´Alger à Annaba, en passant par Cherchell et Constantine, dans l´Algérie d´aujourd´hui, à la rencontre de ses anciens compagnons de lutte. Toutes et tous ont rêvé d´une Algérie indépendante et fraternelle. Né en 1947 à Tlemcen, en Algérie, Jean-Pierre Lledo a réalisé de nombreux films documentaires, courts et longs métrages, dans son pays d´origine, de 1977 à 1993. A partir de cette date, il quitte l´Algérie pour des raisons de sécurité. Il est également le réalisateur de deux longs métrages de fiction : L´Empire des rêves (1982) et Lumières (1989). A ceux qui veulent en savoir plus sur le parcours de ce combattant, de cet ami de l´Algérie, rendez-vous à partir de ce mercredi pour ce documentaire hommage.