La grace a concerné également 7 journalistes, des islamistes et des militants sahraouis. Le journaliste franco-marocain Ali Lamrabet, emprisonné en juin 2003, a été gracié, hier, par le roi Mohammed VI du Maroc. Accusé d'outrage au roi, le journaliste a été condamné à trois ans de réclusion et à l'interdiction de ses deux journaux satiriques Demain Magazine et Doumane. L'autre affaire, toujours en jugement, concerne un article paru en octobre 2002 dans l'hebdomadaire Demain Magazine dont Ali Lamrabet est le directeur. Dans cet article, il était annoncé, au conditionnel, la mise en vente possible du palais royal de Skhirat au sud de Rabat. Cette allusion avait valu au journaliste une peine de quatre mois de prison et une amende équivalente à 3000 euros. Incarcéré dans la prison de Salé, Ali Lamrabet a entamé une grève de la faim illimitée, le 30 novembre 2003, pour protester contre les conditions de sa détention. L'incarcération de ce journaliste a suscité une désapprobation générale aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Avant-hier, Amnesty International a demandé la libération immédiate et inconditionnelle au journaliste. Le même jour à Rabat, le syndicat national de la presse marocaine et le comité de soutien du journaliste ont annoncé une campagne de mobilisation politique en faveur de la liberté de la presse. Le 23 décembre 2003, le roi Mohammed VI, qui était en séjour à Courchevel, a été surpris par une manifestation de Reporters sans frontières réclamant la libération du journaliste marocain. Quelques jours avant et à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, le syndicat de la presse marocaine a déploré la situation difficile que traverse la presse marocaine. Le même jour, Ali Lamrabet a été désigné le lauréat du prix Reporters sans frontières pour avoir su témoigner de son attachement à la liberté de l'information par son activité professionnelle et ses prises de position. Ainsi, il est clair que cette grâce royale est le résultat attendu de la forte pression exercée sur Sa Majesté. A signaler qu'outre Ali Lamrabet, l'amnistie a concerné 32 détenus dont 7 journalistes, des islamistes et des militants sahraouis.