Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, doit annoncer aujourd'hui les résultats de longues consultations sur un remaniement du gouvernement réclamé par la classe politique après une série de crises, a indiqué le gouvernement dans un communiqué. M. Jebali, issue du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement depuis environ un an, «fera une déclaration à la presse sur les résultats des consultations avec les partis politiques sur le remaniement gouvernemental samedi 26 janvier à 15h00» (14h00 GMT), selon le communiqué. Ennahda a évoqué pour la première fois un remaniement «imminent» en juillet dernier afin d'élargir sa coalition formée avec deux partis laïcs de centre-gauche, Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR). Les pourparlers ont toujours achoppé sur le refus des islamistes de céder les ministères de souveraineté. Les consultations se sont accélérées sans aboutir après qu'un conflit social ait dégénéré fin novembre-début décembre en cinq jours d'affrontements à Siliana (sud-ouest de Tunis) faisant 300 blessés, le président Moncef Marzouki, issu du CPR, ayant appelé à la formation «d'un gouvernement restreint et efficace». Plusieurs partis d'opposition ont négocié ces deux derniers mois, mais aucun compromis n'a été trouvé. Selon eux, Ennahda refuse de limoger le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh, très critiqué face à la multiplication des violences politiques et sociales et la montée de la mouvance salafiste, et le chef de la diplomatie, Rafik Abdessalem, au coeur d'un scandale de corruption. La Tunisie est par ailleurs plongée, deux ans après la révolution de janvier 2011, dans une impasse politique, aucun compromis ne se dégageant à la Constituante sur la nouvelle loi fondamentale dont l'adoption permettra l'organisation de nouvelles élections. C'est dans ce contexte que le gouverneur de la Banque centrale tunisienne Chedly Ayari a estimé hier qu'à moins d'un «miracle», le mal endémique du chômage va persister en Tunisie, où les conflits sociaux parfois violents se multiplient dans le pays, deux ans après la révolution. «Si le marché de l'emploi parvenait dans les années à venir à résoudre ce problème (du chômage), ce serait un miracle», a-t-il déclaré à l'antenne de la radio Shems-FM. «Le nombre de chômeurs est trop important, ils sont 700.000, avec chaque année 100.000 nouvelles entrées (sur le marché du travail) dont 50% de personnes diplômés (...). Même si 100 000 emplois sont créés chaque année, on ne réduira pas le stock+», a encore relevé M.Ayari. Se basant sur des études réalisées pour les périodes 2015-2017, M.Ayari a estimé que le taux de chômage pourrait s'établir à 10-11% dans les «meilleures conditions» économiques, contre 17-18% actuellement. Le chômage et la misère, notamment parmi les jeunes, étaient parmi les principaux facteurs de la révolution de janvier 2011. Mais les espoirs ont laissé place à la déception et les conflits sociaux se sont multipliés depuis l'été, dégénérant régulièrement en violences. La situation sécuritaire précaire depuis deux ans et l'incertitude de l'avenir politique du pays, faute de compromis sur la future constitution, a par ailleurs entraîné une anémie prolongée des investissements, qui mine le marché de l'emploi.