C'était dans un climat d'extrême tension que la manifestation des dissidents a eu lieu ce jeudi à Sidi-Aïch. Les rumeurs ayant circulé la veille sur de probables réactions populaires de rejet de cette manifestation, avaient fait craindre le pire, mettant les services de sécurité sur le qui-vive. Cela aurait pu dégénérer sans le travail de sensibilisation entrepris par la coordination de Sidi-Aïch en vue de ramener les jeunes à la raison, eux qui s'apprêtaient à contre-manifester. Venus des quatre coins de la Kabylie pour une démonstration de force, les dissidents ou les anti-dialoguistes n'ont fait que conforter leurs ex-camarades favorables au dialogue. La défection citoyenne ne peut être, en effet, interprétée que comme un rejet de leur démarche. Zahir Benkhellat, Rabah Boucetta et leurs camarades l'ont vérifié assez bien pour comprendre que l'option du dialogue est irréversible car bénéficiant d'un soutien populaire. «Si réellement il y avait trahison ou encore reddition, comme ils ont tenté de le faire croire depuis leur retrait de l'interwilayas, la population se serait mobilisée en conséquence comme ce fut le cas un certain 6 décembre 2001, lorsque de faux délégués avaient pris langue avec le chef de gouvernement de l'époque», commentait un commerçant de la ville. Ainsi, de débâcles en débâcles, le mouvement des dissidents, né au lendemain de l'option majoritaire de l'interwilayas pour la dialogue comme moyen de règlement de la crise en Kabylie, n'en finit pas de manger son pain noir. Après l'échec dans la tentative de lancement de coordinations parallèles, l'aile dissidente des archs vient de subir encore une fois un revers de taille, celui de ne pas pouvoir mobiliser. Pour une action initiée par une coordination dite «interwilayas», la marche de ce jeudi à Sidi-Aïch a été un échec pour ne pas dire un fiasco. Pouvait-il en être autrement lorsqu'on demande à une population de rejeter une démarche porteuse de sérénité et opter pour un statu quo dont l'issue est imprévisible. Laminés à Tizi Ouzou, les dissidents ont voulu relever le défi à Béjaïa, là où ils pensaient bénéficier d'un soutien populaire. Ce ne fut pas le cas, puisque, hormis le renforcement apporté par de nombreux curieux lors de la prise de parole devant le siège de l'APC de Sidi-Aïch, la marche proprement dite n'a pas drainé les foules des grands moments de la protestation. Quelques dizaines de citoyens étaient aux côtés des figures de proue de cette tendance des archs. Cette marche de dénonciation d'une prétendue trahison n'a eu de mérite que celui d'indiquer clairement l'impopularité de l'aile dissidente au sein de la population. Un poids, en somme, insignifiant. Cela étant, au demeurant, prévisible dès le début. Las de subir au quotidien les conséquences des actions de rue, les citoyens refusent d'adhérer à une démarche aux pires conséquences. Finalement, cette action des dissidents n'a été perçue que comme une volonté de maintien de la situation d'incertitude qui prévaut actuellement, ce qui explique le manque d'intérêt de l'homme de la rue.