Quelques centaines de participants ont pris part à cette manifestation qui s'est déroulée dans un climat marqué par une tension extrême. La marche de protestation initiée par la coordination de l'ex-daïra de Sidi Aïch jeudi dernier n'a pas drainé la foule des grands jours. Coorganisée par pas moins de huit coordinations, la marche «pacifique et populaire» n'a pas suscité l'adhésion massive des citoyens. Il y avait, en effet, plus de citoyens «spectateurs et hésitants» que de «marcheurs» en ce jour férié de l'Achoura. Même les commerçants n'ont que très peu respecté le mot d'ordre de grève décrété en appui à la manifestation. L'un n'a baissé rideau qu'à la suite de l'intervention menaçante des jeunes manifestants. La situation était tellement tendue que certains commerçants ont dû, même, enlever les enseignes de leurs boutiques. C'est dire le climat tendu qui a prévalu tout au long du déroulement de la marche. La procession humaine, qui s'est ébranlée dès 11 h de la place des Trois horloges, a emprunté un itinéraire inhabituel en passant par le vieux pont de la ville pour atterrir directement au carrefour faisant face au siège de la municipalité. A une tribune de fortune, Farès Oudjedi intervient, après concertation avec ses camarades, pour rappeler les objectifs assignés à la manifestation du jour, à savoir dénoncer «les indus élus qui ont squatté les APC» et exiger «la libération des détenus». Devant la tension grandissante et face aux risques de dérapage pouvant survenir à tout moment, il appelle au calme et propose indirectement d'observer un sit-in pour permettre aux délégués communaux d'intervenir, façon de calmer les esprits et de rassurer les nombreux citoyens à rejoindre le cortège. C'était peine perdue puisqu'un jeune délégué de Takerietz lui succède pour marteler la nécessité de respecter l'itinéraire initial. Toutes les tentatives entreprises pour d'autres délégués, dont Bezza Benmansour, délégué de Sidi Aïch, n'ont pas eu raison de sa détermination à aller jusqu'au bout de sa logique suivi pour la circonstance de quelques dizaines de jeunes. Ce qui était redouté a finalement eu lieu. Arrivé à hauteur du commissariat de la ville une dizaine de jeunes n'a pas hésité à provoquer les policiers en faction qui avaient reçu un renfort important la veille. En l'absence d'une riposte immédiate, les jeunes manifestants ont fini par se retirer avant de revenir de nouveau à la charge donnant lieu à des escarmouches qui ont duré près d'une heure. Ce n'est que bien plus tard que la ville reprit vie.