Une situation qui perdure «S'il le faut, on rentrera dans une grève de la faim, on ne lâchera pas prise. Et surtout on ne manipule personne!» déclare cet étudiant de troisième année en actorat. Nous l'annoncions déjà il y a plus d'une semaine, les étudiants de l'Ismas (Institut supérieur des métiers, des arts du spectacle et de l'audiovisuel) de Bordj El Kiffan s'étaient mis en grève pendant deux jours (les 21 et 22 janvier) avant de poursuivre une nouvelle grève qui leur a coûté du tort la semaine dernière. En effet, comme la loi en vigueur stipule, on ne peut être en grève déjà, pour déposer un préavis d'une autre. Mais pourquoi tout ce remue-ménage donc? Le bureau des étudiants précise que cela a été impulsé en raison des «interminables promesses qui restent sans réelle application sur le terrain» et ce, de la part du ministère de la Culture censé assurer à ces étudiants, en effet, une meilleure formation, un meilleur cadre d'enseignement et surtout un statut plus crédible à leur licence nullement reconnue ailleurs. Des promesses qui traînent au fur et à mesure que les années passent. Les étudiants devant ce statu quo qui perdure, n'ont trouvé aucune solution si ce n'est de dire stop pour réclamer, une fois pour toutes, leurs droits et demander aussi des comptes à cet institut qui tourne au ralenti. Devant cette lamentable situation à laquelle font face ces jeunes artistes en herbe, le directeur de l'Institut Habib Ayoub, a apposé un net catégorique et l'administration d'afficher une note d'interdiction à «toute forme de revendication ou de grève», ordonnant par la suite la fermeture du réfectoire sans préavis le 27 janvier dernier, et de finir par entamer des poursuites judiciaires à l'encontre du Bureau des étudiants de l'Ismas. M.Habib Ayoub les accuse de manipuler les autres étudiants. Parmi les 18 chefs d'inculpation qu'on a reprochés à ces étudiants figurent notamment «l'absentéisme, la perturbation des cours, l'atteinte au règlement intérieur, l'incitation ou contrainte à la grève, atteinte à la direction de l'institut» etc. L'audience s'est tenue mardi dernier à la cour administrative de Bir Mourad Raïs. Le verdict: le bureau des étudiants a été jugé coupable pour un seul chef d'inculpation: l'illégalité de la deuxième grève. Pour Ali, de la cellule de communication du Bureau des étudiants, en troisième année actorat «le directeur de l'Institut nous accuse de manipuler les autres étudiants. Or, c'est faux. La grève a été décidée lors de l'assemblée générale où les étudiants avaient voté à main levée, en majorité pour la grève, environ 90% pour ne pas dire 100%. Le reste étant absent. La deuxième grève a été jugée illégale car on avait envoyé le deuxième préavis pour la grève d'une semaine, pendant la première grève de deux jours. La cour nous a contraints d'arrêter la grève. C'est ce que nous avons fait. On a repris les cours mercredi» Et d'annoncer: «Dimanche, on déposera un préavis de grève illimitée. Comme ça on sera dans les règles de sorte qu'on ne nous attaque plus en justice. La détermination reste la même! On ne relâchera pas prise. On entre en grève illimitée et s'il le faut, une grève de la faim. On est prêts à la faire. Tout ce qui se fait se décide lors d'une assemblée générale, contrairement à ce qu'avance le directeur, on ne manipule personne», a tenu à faire savoir notre jeune interlocuteur tout en annonçant la tenue prochaine d'une conférence de presse pour éclairer plus et largement l'opinion publique, documents à l'appui sur cette affaire. «Comment peut-on cautionner ces intimidations, ces marginalisations prises à l'encontre de jeunes talents censés êtres porteurs, à travers leur art, de l'image d'une Algérie digne et moderne, tenant compte de l'énorme potentiel de cette génération issue de cinquante ans d'indépendance?» s'interroge-t-on dans le nouveau communiqué de presse signé par le bureau des étudiants de l'Ismas.