Des droits légitimes Décidément, cela devient une tradition annuelle qui se perpétue année après année et surtout, jour pour jour. En effet, après s ́être élevé en 2010 pour protester contre l ́occupation de leurs salles de cours par le Ballet national, revendiquer en 2011 un diplôme équivalant à une licence et qu'il soit reconnu par les autres universités au lieu de leur DEA (diplôme d ́études approfondies), un meilleur enseignement, et encadrement pédagogique et plus de moyens, allant jusqu'à établir un sit-in même devant la Maison de la presse du 1er-Mai, fait une pause croit-on en 2012, bien décidés à réclamer encore et toujours leurs droits, revoilà les étudiants de l'Institut supérieur des métiers, des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas Bordj El Kiffan) qui reviennent à la charge, plus regonflés que jamais, annonçant à nouveau leur entrée en grève illimitée depuis le 21 janvier dernier. Censée se dérouler sur 48h seulement, celle-ci promet de se prolonger tant que les revendications de ces auteurs ne seront pas clairement appliquées. Dans un communiqué de presse, signé par le bureau des étudiants, cette grève a été décidée explique-t-on «en résultat, d'une part, à l'improvisation et à l'ignorance du directeur et de l'administration de l'institut dans la gestion de ce dernier. Et d'autre part, à la sourde oreille de tutelle qui est le ministère de la Culture, envers les acquis et les promesses faites par cette même tutelle lors de la dernières grève observée par les étudiants, le 20 janvier 2011, qui a provoqué la visite de la ministre de la Culture qui a passé deux jours auprès des étudiants en assemblée générale». Le communiqué rappelle également les faits suivants: «Après avoir pris connaissance des préoccupations des étudiants, la ministre de la Culture préconisa la répartition des revendications en quatre ateliers de travail chapotés par des représentants du ministère en la présence de délégations formées d'étudiants et du personnel pédagogique de l'institut». Les quatre ateliers furent établis comme suit: atelier diplôme et équivalence du diplôme, atelier formation et programmes, atelier matériels et équipements pédagogiques et enfin atelier vie culturelle et estudiantine. Et de faire remarquer qu'«après plusieurs heures de travail, chacun des ateliers est sorti avec un procès-verbal comprenant des accords et des propositions de solutions applicables à court ou à long terme, ce qui représente un acquis révolutionnaire réalisant les espérances des étudiants à l'époque». Le communiqué de presse indique qu'à la date du 29 février 2012, une lettre fut envoyée par le bureau des étudiants à la ministre de la Culture, d'abord à titre de rappel de la promesse de l'application des résultats des quatre ateliers tenus une année avant, résumant ensuite l'état de dégradation que connaissait l'institut une année après la visite de la ministre. «Nous voilà aujourd'hui encore, et comme ce fut le cas il y a de cela deux ans, victimes du même désarroi engendré par la multitude de problèmes dans lesquels nous vivons jour après jour; sans oublier le désespoir émanant de la non-application des procès-verbaux des quatre ateliers qui sont devenus de vulgaires promesses sans réelle concrétisation.» Aussi, devant cette situation de léthargie et «l'état critique de notre situation au sein même de l'institut, qui ne cesse d'aller de mal en pis chaque jour, et le flou qui plane sur notre avenir» poursuivent les grévistes dans le communiqué, ces derniers demandent «l'application immédiate des résultats des quatre ateliers, ainsi que l'ouverture d'une enquête approfondie sur la gestion globale de l'institut» et de renchérir: «Nous espérons l'obtention de nos droits légitimes qui visent, avant tout, à l'amélioration de notre formation et de l'institut en général.» Voilà donc des étudiants qui ne réclament que l'amélioration de leurs conditions de travail. Où est le mal? Un domaine qui ne trouve déjà pas beaucoup de débouchés en Algérie, miné souvent pas le chômage, le manque de compétence et l'absence de réelle maturité dans le secteur de l'art. Un secteur plutôt endommagé par la corruption et le favoritisme le plus souvent. Face au silence ambiant qu'accuse la tutelle, la colère de ces pauvres étudiants ne fait que s'amplifier, au fur et à mesure que leur misère morale et sociale accroît. Des efforts qui s'amenuisent comme une peau de chagrin devant le temps qui passe inexorablement sans qu'un changement positif ne pointe à l'horizon. Ainsi, nous avons vu depuis ces dernières années beaucoup de ces étudiants sortants de l'Ismas, qui grève après grève, finissent leurs études tant bien que mal et tombent après dans l'oisiveté la plus profonde et le système D. Certains sont partis à l'étranger et d'autres espèrent les rejoindre. Jusqu'à quand ces étudiants vont-ils subir cette indifférence et ce mépris affichés à leur égard?? Comment pense-t-on vraiment assurer la relève avec un tel désastre?