Plongé dans des projets de réformes sans «visibilité», le système éducatif a été mis depuis l'indépendance au service de la pensée unique au lieu de se consacrer à l'éducation citoyenne. De réforme en réforme, le secteur de l'Education nationale peine à trouver ses repères depuis cinquante ans. «L'éducation saine et civique, c'est la base du développement des pays», disent tous les spécialistes en la matière. Parents d'élèves, syndicats de l'éducation, enseignants, administration, sont tous concernés par l'avenir des enfants. Arezki Zourdani, président de l'association de parents d'élèves de Frikat, à Draa El Mizan, soulève les préoccupations connues des tous. «Nous avons des enfants qui marchent plusieurs km avec 15 kg sur le dos quotidiennement. La faiblesse du niveau des élèves, notamment dans les langues étrangères, figure parmi tant d'autres lacunes du système éducatif national, dit-il. S'agissant du projet de réforme, notre interlocuteur, a ajouté «qu'il faut commencer par résoudre tous les problèmes élémentaires, avant de se prononcer sur le projet de réforme», selon M.Zourdani. Pour sa part, Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) qui a pris part à la rencontre de samedi dernier avec le ministre de l'Education, revient sur le sujet de la réforme. «Nous voulons surtout relever la notion de la science éducative à laquelle on doit accorder beaucoup d'importance. Nous voulons des évaluations après chaque cycle de l'enseignement primaire, moyen et secondaire, au lieu d'aller vers un bilan global», nous a-t-il affirmé hier. Le coordinateur du Snapest a d'ores et déjà, souligné la nécessité de «la mise en place des modérateurs spécialisés dans le domaine des sciences de l'éducation afin d'arriver au résultat au lieu de tourner en rond, comme c'est le cas depuis belle lurette», a-t-il ajouté. Plongé dans des projets de réformes sans «visibilité», le système éducatif a été mis depuis l'indépendance au service de la pensée unique au lieu de se consacrer à l'éducation citoyenne. La sonnette d'alarme a été tirée par le défunt président Mohamed Boudiaf en 1992, lorsqu'il a qualifié l'école algérienne «d'école sinistrée». Des milliers d'enfants de cette école sinistrée se sont retournés contre les intérêts du pays à l'époque et ce, à commencer par la destruction des établissements. Abdenour Salhi, directeur du CEM les Frères Guenini de Seddouk, dans la wilaya de Béjaïa, déclare: «Il y a une incohérence terrible dans l'avancement des programmes pédagogiques. Chacun tire de son côté au dépend des élèves et de la qualité du système éducatif», tout en tirant à boulets rouges sur les parents d'élèves démissionnaires. «Les parents d'élèves ne viennent que pour régler un problème administratif au lieu de suivre la scolarité de leurs enfants le long de l'année scolaire», déplore-t-il. Le manque de crédibilité des examens de passage aux classes supérieures a été vivement relevé par M.Salhi. Engagé dans le projet d'ouverture d'un dialogue périodique des dix dernières années, le ministère de l'Education nationale, s'est engagé depuis samedi dernier, dans une large concertation qui devra commencer au niveau local, wilayal et régional; un processus qui débouchera sur des assises nationales au mois d'avril prochain. Le processus de dialogue national porte sur l'évaluation de l'enseignement obligatoire de 6 à 16 ans.