Le procès est faussé dés le départ Leur comparution devant une telle juridiction «ne répond pas aux normes internationalement reconnues d'un procès équitable» a affirmé l'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International. Le Maroc encaisse les coups sans broncher. Le procès des 24 Sahraouis qui croupissent dans la prison locale de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis le démantèlement du camp de Gdeim Izik près d'El Ayoun, le 8 novembre 2010, par les forces de répression marocaines va certainement ternir un peu plus l'image du Royaume chérifien en matière de respect des droits humains. Leur comparution devant le tribunal militaire de Rabat le 08 février 2013 «ne répond pas aux normes internationalement reconnues d'un procès équitable» a affirmé Amnesty International. Un procès «faussé dès le départ», précise l'ONG dans son communiqué. «Le procès de civils devant un tribunal militaire ne répond pas aux normes internationalement reconnues d'un procès équitable. Les 24 accusés doivent être traduits devant un tribunal civil avec toutes les garanties des droits de l'homme que cela suppose et, en aucun cas, les détenus ne doivent être condamnés à mort», a déclaré Philip Luther, directeur d'Amnesty International au Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui conseille aux autorités marocaines d'ouvrir une «enquête indépendante et impartiale sur les événements de Gdeim Izik qui ont eu lieu il y a plus de deux ans (novembre 2010, Ndlr)». Pourquoi? «La plupart des accusés ont déclaré qu'ils avaient été torturés et maltraités au cours de leurs deux années de détention provisoire, certains auraient été contraints de signer des déclarations», souligne le document d'Amnesty international. Cela ne représenterait pas une première puisque un rapport publié le 17 septembre 2012 par Human Rights Watch montre que le Maroc a usé de ces pratiques contre des manifestants. Six militants marocains du Mouvement du 20 février, qui ont été condamnés le 12 septembre 2012 à des peines de prison ferme allant de 8 à 10 mois, seraient passés aux aveux sous la torture. «Le tribunal a envoyé des manifestants en prison sur la base de confessions qui pourraient avoir été obtenues sous la torture, tout en refusant de convoquer les plaignants pour s'exprimer devant le tribunal», avait déploré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Le rapport 2013 de 665 pages de l'ONG américaine n'a fait que confirmer cette situation des droits de l'homme qui prévaut à travers le territoire chérifien et dans les territoires occupés du Sahara occidental. «Les tribunaux ont emprisonné des dissidents en vertu de lois répressives réduisant la liberté d'expression et suite à des procès inéquitables», souligne le document de HWR. A trois jours du procès des 24 civils sahraouis qui seront jugés par le tribunal militaire de Rabat le président de la République sahraouie alerte de nouveau le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. «Nous vous réitérons notre appel afin de mettre un terme aux crimes du gouvernement marocain contre les civils sahraouis sans défense et leurs familles en raison des menaces de jugement devant une cour martiale...», a écrit Mohammed Abdelaziz dans une lettre adressée à Ban Ki-moon. «Nous vous demandons... d'intervenir pour la libération du groupe de Gdeim Izik qui se trouve à la prison de Salé et de tous les autres prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines...» souligne le message du SG du Front Polisario.