La situation des droits de l'homme au Sahara Occidental et plus particulièrement les conditions d'incarcération des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines inquiètent la communauté internationale, notamment les ONG des droits de l'homme. L'une de ces ONG, parmi les plus importantes dans la défense des droits humains avec Amnesty International, Human Rights Watch, basée à New York, a appelé hier les autorités marocaines à libérer immédiatement trois militants sahraouis des droits de l'homme. A défaut d'obtempérer au respect des droits de l'homme, HRW a rappelé au Maroc ses obligations en matière de justice en organisant un procès équitable et transparent pour les trois Sahraouis. Selon HRW, «aucun élément prouvant la culpabilité des accusés n'a été découvert» par les autorités judiciaires marocaines. Les trois militants sahraouis ont été arrêtés en 2009 et accusés alors d'atteinte à la sécurité extérieure du Maroc. L'affaire est traitée, comme d'habitude, par le tribunal militaire de Rabat, et les trois Sahraouis sont incarcérés à la prison de Salé. L'ONG américaine demande par ailleurs aux autorités du Maroc que le procès de ces Sahraouis soit organisé devant un tribunal civil. D'autant que, dans le dossier de cette affaire montée de toutes pièces par les services de sécurité marocains, les documents d'accusation sont composés de comptes rendus de la télévision publique et d'articles de la presse écrite locale. Les trois militants avaient été arrêtés avec trois autres accusés à Casablanca à leur retour des camps des réfugiés sahraouis. Trois des six accusés ont bénéficié d'une liberté provisoire. Pour rappel, les six militants des droits de l'homme sahraouis avaient organisé une grève de la faim au mois de mars dernier, mais l'ont interrompue pour réclamer des autorités judiciaires marocaines qu'elles fixent rapidement la date de leur procès, sinon qu'elles les libèrent. Plusieurs militants sahraouis des droits de l'homme sont, par ailleurs, dans la même situation, mais sont incarcérés dans d'autres prisons marocaines, à Marrakech, Agadir, ou à El Ayoun occupée, dans la fameuse Carcel Negra. Human Rights Watch ainsi qu'Amnesty International avaient dans leur rapport 2009 sur la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental accusé les autorités d'occupation marocaines de violer le plus normalement du monde tous les protocoles internationaux sur la défense et le respect des droits humains. Dimanche dernier, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz avait qualifié de «préoccupante» la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. En réaction au discours du roi du Maroc qui réaffirmait sa volonté d'occuper ce territoire, le président sahraoui a surtout rappelé que le Maroc a construit une vaste ceinture de sécurité autour des territoires occupés de 2700 kilomètres sur lesquels il a disséminé son armée, posé des mines et restreint les libertés individuelles des Sahraouis. Il a, à ce titre et tout en rappelant les conditions extrêmes des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines où la plupart observent régulièrement des grèves de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention, invité la Minurso à intervenir pour faire respecter les droits de l'homme au Sahara Occidental, en attendant d'organiser et de superviser un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Et, sur ce registre, même le SG de l'ONU, M. Ban Ki-moon, avait exprimé au mois de mars dernier sa préoccupation à propos de la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental, appelant au respect des normes internationales relatives à cette question. Il a particulièrement dit que «je suis préoccupé par la situation en matière des droits de l'homme» au Sahara Occidental, dans son rapport sur ce territoire, soumis au Conseil de sécurité. Devant la précarité de la situation des Sahraouis dans les territoires occupés, il a tenu à souligner la nécessité «d'honorer les engagements envers le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en vue de garantir le respect des droits de l'homme du peuple du Sahara Occidental». Amnesty International a, dans une de ses pétitions contre les violations graves des droits de l'homme au Sahara Occidental et le harcèlement des militants des droits de l'homme sahraouis, appelé le Maroc à cesser «ses manœuvres de harcèlements et d'intimidations contre les associations de défense des droits de l'homme sahraouies».