La situation de plus en plus confuse se complique au Mali où des soldats maliens en sont venus aux mains Plusieurs personnes ont été blessées dans l'attaque du camp des «Bérets rouges», proches du président renversé, par des soldats des autres corps de l'armée malienne, selon des sources militaires et des témoins Des soldats maliens ont attaqué hier à Bamako un camp de militaires proches de l'ex-président Amadou Toumani Touré, au moment où un islamiste a commis le premier attentat suicide de l'histoire du Mali, à Gao, ville du nord récemment reprise aux jihadistes. Plusieurs personnes ont été blessées dans l'attaque du camp des «Bérets rouges», proches du président renversé l'an dernier, par des soldats des autres corps de l'armée malienne, selon des sources militaires et des témoins. Cette attaque, qui illustre les profondes divisions au sein de l'armée malienne, laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, est apparemment motivée par le refus des «Bérets rouges» de quitter leur camp dans la capitale et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord. «Depuis 06h00 (locales et GMT), des militaires lourdement armés, tous corps confondus, ont attaqué le camp. En ce moment même, ils sont en train de tirer sur nos femmes et nos enfants» a déclaré Yaya Bouaré, un «Béret rouge» se trouvant dans le camp attaqué. «Il y a plusieurs blessés dans le camp», a-t-il ajouté. Ses propos ont été confirmés par des habitants près du camp. En début de semaine, le général Tahirou Dembélé, chef d'état-major, avait déclaré à la télévision nationale vouloir envoyer les «Bérets rouges» combattre aux côtés des soldats français les groupes islamistes armés qui avaient occupé le nord du pays en 2012. Bien que cette unité d'élite n'ait pas été officiellement dissoute, le général Dembélé avait déclaré avoir décidé d'en «réaffecter» ses membres ailleurs au sein de l'armée. Il avait précisé avoir appelé le commandant de la force française au Mali pour «l'informer». «Tous nos partenaires ont trouvé cela très juste car sans discipline il n y pas d'armée. Ils trouvent d'ailleurs qu'on a même mis trop de temps pour gérer cette situation», avait-t-il assuré. Fin avril 2012, les «Bérets rouges» avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat du 21 mars contre le président Toumani Touré, mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée, «les Bérets verts». Les combats entre les deux unités avaient fait une vingtaine de morts. Parallèlement, un homme s'est fait exploser hier à Gao, à 1200 km au nord-est de Bamako dans un attentat suicide visant des militaires maliens. Plus grande ville du Nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés qui l'occupaient depuis des mois et y avaient multiplié les exactions. «Il est arrivé à notre niveau à moto, c'était un Tamashek (Touareg), et le temps de l'approcher, il a fait exploser sa ceinture», a déclaré l'adjudant Mamadou Keita de l'armée malienne, ajoutant: «il est mort sur le coup et chez nous, il y a un blessé léger». Cet attentat survient au lendemain d'une déclaration du porte-parole d'un groupe islamiste du nord du Mali, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui a revendiqué la pose de mines, mais aussi des attaques de convois militaires et l'utilisation «de kamikazes» dans cette région. «Le Mujao est derrière l'explosion de deux voitures de l'armée malienne entre Gao et Hombori» (nord), a affirmé ce porte-parole, Abu Walid Sahraoui, affirmant que son groupe avait «réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et organiser des kamikazes». De leur côté, des soldats français et tchadiens ont poursuivi leur progression dans l'extrême nord-est du Mali, dernier fief des groupes islamistes armés, prenant jeudi soir le contrôle d'Aguelhok, à 160 km au nord de Kidal, près de la frontière algérienne. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l'aéroport de Kidal, à 1500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, où quelque 1800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville.