Plusieurs entreprises publiques économiques vivent des situations conflictuelles qui les menacent dans leur existence même. Les travailleurs de l'Entreprise de réparation navale (Erenav) de Béjaïa ont tenu un rassemblement hier, devant le siège de wilaya. Ils ont bloqué l'axe principal de la ville durant toute la journée. Cette énième action intervient après que leur rassemblement ait été empêché mercredi dernier. Ainsi après plus de deux mois une grève ponctuée par plusieurs actions de rue aussi bien au niveau local que national, les travailleurs de l'Erenav reviennent à la charge pour alerter l'opinion publique de la descente aux enfers que subissent les entreprises de Béjaïa à l'instar de la leur. Son avenir est sérieusement hypothéqué après un conflit qui aurait pu être réglé sans l'entêtement de leur direction, à en croire les travailleurs rassemblés hier devant le siège de la wilaya. «Au lieu de procéder au règlement réel et concret du conflit, on s'attèle à manoeuvrer pour nous détourner de nos revendications en vue de réduire notre contestation légitime à un conflit personnel» nous déclarent à l'unisson les protestataires hier sur les lieux de leur rassemblement. A travers cette énième action de rue, lesdits contestataires veulent faire entendre leurs doléances. Ils réclament en premier lieu la réintégration sans condition des quatre syndicalistes abusivement licenciés par la direction de leur entreprise. Ainsi, à travers ce conflit social à l'instar des autres qui marquent d'autres entreprises publiques économiques (ETR, Etde, l'ex-Epbtp) c'est tout le tissu industriel de la wilaya de Béjaïa qui se fragilise. «Le tissu industriel se délite de jour en jour à travers des conflits sociaux qui ne trouvent pas de solution. Il est désormais en déperdition sans la réaction notable des premiers responsables de cette wilaya, autorités locales et élus» nous déclare un militant du PST venu soutenir les travailleurs de l'Erenav dans leur action. On a assiste à une détérioration sans précédent du climat social. Ça rappelle bien évidemment la période de l'autonomie de gestion des entreprises qui a abouti à la liquidation de plusieurs unités et à la privatisation des autres. Une politique, en somme, décriée par ses concepteurs même. En outre, la situation est plus que préoccupante et demande désormais l'intervention de toutes les parties, syndicats, élus locaux, et le mouvement associatif de l'ex-capitale des Hammadites. Même si le combat des syndicalistes dans leurs unités respectives est plein et entier, il n'en demeure pas moins que l'intervention de tous est plus qu'impérative. L'Ugta, qui a essayé de mettre un terme à ces situations, semble dépassée par les évènements. Après une action de rue par laquelle la nouvelle direction de wilaya à tente de renouer avec la contestation effective sur le terrain, elle s'est vite rendu à l'évidence que la situation est plus qu'inquiétante et interpelle toute la classe politique, syndicale et le mouvement associatif de la wilaya de Bejaïa.