Le patronat tunisien a apporté mardi son soutien à la proposition du Premier ministre de former un gouvernement apolitique, une initiative de sortie de crise rejetée par son propre parti islamiste. « La décision du chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali de former un gouvernement de compétences nationales ne manquera pas d'aider la Tunisie à sortir de la crise qu'elle traverse actuellement », a indiqué l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), dans un communiqué. Lundi, la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT), un syndicat revendiquant quelque 500.000 membres, s'est déclarée favorable à un gouvernement technocratique. L'Utica s'était déjà inquiétée des effets négatifs sur l'investissement et le tourisme du vide politique actuel. Le Premier ministre Hamadi Jebali a proposé la formation d'un gouvernement de technocrates pour sortir d'une profonde crise politique aggravée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février. Le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement et dispose du plus gros groupe de députés à l'Assemblée nationale constituante, s'est opposé à cette annonce mais a proposé mardi un compromis sur un gouvernement de technocrates et de politiques. La Tunisie est plongée depuis des mois dans une crise politique. La rédaction de la Constitution, condition indispensable à l'organisation de nouvelles élections, est dans l'impasse faute de compromis à l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les conflits sociaux se multiplient dans le pays, alors que le chômage et la pauvreté ont été les principaux déclencheurs de la révolution de 2011, qui a chassé du pouvoir la président Zine El Abidine Ben Ali.