Cette pression fait suite à la proposition du Premier ministre de former un gouvernement de technocrates. En Tunisie, la pression que subissent les partis politiques est forte. Elle est trop forte même. Si forte que, déjà, on entend les craquements dans les murs de certains de ces partis. Cette pression fait suite à la proposition du Premier Ministre de former un gouvernement de technocrates. A vrai dire, Jebali n'a pas laissé beaucoup d'espaces de manoeuvres aux différentes parties prenantes. Le premier à avoir été secoué étant bien sûr son propre parti, Ennahda. Mais au-delà de l'opposition ferme, désormais claire et visible, du numéro 2 du parti à son chef Ghannouchi quant à la formation du nouveau gouvernement, il y a tout lieu de croire que finalement ce sont deux conceptions différentes, peut-être même, contradictoires, à propos du rôle et de la place du parti Ennahda dans l'avenir de la Tunisie qui s'affrontent. Au sein du parti islamiste, les sons de cloche aux nuances diverses commencent à se faire entendre. C'est la deuxième fois que des interviews avec le vice-président du parti, le cheikh Abdelfattah Mourou, font état de soutien de celui-ci au Premier ministre. En effet Jeune Afrique et Marianne ont rapporté cet appui de l'homme connu pour ses apparitions très nombreuses sur les plateaux de télé et qui a même eu à débattre, à plusieurs reprises ave Chokri Belaïd. Si cet appui se confirme et cela relève du vraisemblable, cela signifierait que la lutte au sein d'Ennahda est bien plus profonde qu'on veut nous le faire croire. A l'approche plutôt dure de Ghannouchi viendrait donc s'opposer celle de personnalités modérées du parti. Ensuite, cette lutte interne au parti qui mène la coalition ne peut pas ne pas avoir d'ondes de choc. Et la première est bien celle qui a fait éclater le parti de l'actuel président Marzouki. En effet, d'une part, opposé à Ennahda sur le plan philosophique mais, d'autre part, opposé à Jebali à cause de l'intérêt du parti, incapable de supporter la pression mise par le Premier ministre, le CPR est en train de partir en éclats. Comme le rapportent certains médias de ce lundi, «le Congrès pour la République (CPR) du président Marzouki, semble au bord de l'implosion». il suffit de rappeler pour cela que, durant les dernières 24 heures, pas moins de trois députés de ce parti ont dû claquer la porte. Même le chef du CPR, Mohammed Abbou, serait sur le point d'annoncer, à son tour, son départ et la formation d'un nouveau parti. Ces départs minent le parti qui, déjà il y a quelques mois, a connu des départs massifs de ses députes vers une autre formation. En dépit de tout cela, aucun compromis n'est enregistré à ce lundi soir. Que va-t-il arriver en Tunisie? Il est de moins en moins probable que Jabali parte car son départ signifie la mainmise de son parti sur la vie politique, une domination que les Tunisiens refusent. Il est aussi de moins en moins probable que Ghannouchi et ses soutiens fassent le compromis car ils savent que sans les trois ministères objet de toutes les divergences (Intérieur, Affaires étrangères et Justice), leurs chances de rester au pouvoir seront très affectées. Ceux qui ont fait cette lecture semblent commencer à se démarquer de l'aile dure d'Ennahda, comme c'est le cas semble-t-il du vice-président, le Cheikh Mourou qui, à en croire les médias, ne cache plus les distances par rapport aux durs dont Ghannouchi lui-même. Ceci nous rappelle à nous Algériens quelque chose. Lorsque les remous et les agitations s'invitent dans la maison islamiste, c'est qu'il y a forcément des événements dans l'air.