Le réalisateur Ahmed Atef avec les activistes syriens Bab al charki (la porte de l'Est), le premier film cinéma sur la révolution syrienne, a été officiellement présenté hier lors d'une conférence de presse au Caire, au cercle des journalistes. Réalisé par le cinéaste égyptien Ahmed Atef, le film a été produit par des fonds indépendants et la première mondiale du film sera organisée lors du Festival africain de Ouagadougou au Burkina Faso. Si le film est avant tout la première fiction sur une révolution arabe qui s'est transformée en guerre civile, le clou du spectacle demeure l'assassinat à la fin du film du président Bachar Al Assad, tué par son garde du corps. Au-delà du risque totalement assumé, le réalisateur avait déclaré lors d'une rencontre au dernier Festival du Caire, que c'est avant tout une fiction. Même si ce n'est pas la première fois qu'on montre l'exécution d'un président arabe, c'est en tout cas la première fois qu'on montre un président dans l'exercice de ses fonctions, tué dans un film. Mais Bab al charki n'est pas un film fixé sur le président Bachar, mais sur la situation dramatique des Syriens en exil. L'idée de faire ce film est apparue au réalisateur après avoir rencontré les frères Ahmed et Mohamed Malas, des comédiens de théâtre qui ont fuit la Syrie vers l'Egypte dés le début de la guerre, après avoir subi violence et torture. Le film traite de la vie des activistes syriens qui sont arrivés au Caire et les difficultés des familles syriennes qui ont fui la mort et survécu à l'exil. Le film montre également les «shabiha», les milices affiliées à Damas qui ont commis les plus grandes atrocités de cette guerre et qui poursuivent certains activistes au Caire pour les éliminer. Mis à part la comédienne syrienne Louise Abdelakim, la majorité des comédiens syriens qui jouent dans le film sont non professionnels. Certains ont travaillé symboliquement dans ce film pour manifester leur soutien à l'oeuvre et dénoncer la machine de mort de Damas. Mais le film demeure une oeuvre égyptienne, avec des artistes confirmés, comme le compositeur Khaled Dagher qui a notamment signé la musique de plusieurs feuilletons égyptiens comme El Hara, Doran Choubra, ou El Baltagui. Le son est également signé par une valeur sûre du cinéma égyptien, Ali Saïd qui a mixé plus de 50 films égyptiens. Quant au réalisateur Ahmed Atef, qui est venu en Algérie en 2009, lors de la première édition des Journées cinématographiques d'Alger, il fait partie de la nouvelle vague de cinéastes égyptiens. Francophone, critique de cinéma à Al Ahram, considéré comme l'un des plus grands quotidiens égyptiens et arabes, il a accompli ses études en Egypte, en France, en Allemagne, en Espagne et aux Etats-Unis. Cette expérience internationale a permis à Ahmed Atef, d'avoir une vision du cinéma totalement différente de celle qui était déjà installée en Egypte, à la fois humaine et universelle. Ahmed Atef a débuté sa carrière dans le documentaire, en faisant des films sur la dure réalité de la vie en Egypte avec courage et audace, suivis de trois longs métrages iconoclastes: Omar, How to let girls love you, Al Ghaba produit par sa propre société, Egypt Films. L'auteur de Bab al charki qui est un clin d'oeil au célèbre feuilleton syrien Bab El Hara souhaite le présenter à Cannes ou à Berlin, car il demeure sans doute le film politique le plus audacieux sur les révolutions arabes.