Les représentants du parti d'Aït Ahmed n'y étaient pas allés avec le dos de la cuillère. Le Front des forces socialistes poursuit sa riposte au dialogue en vigueur entre le chef du gouvernement et le mouvement des archs. Principalement concerné par, notamment, l'incidence liée à «la révocation des indus élus», le parti d'Aït Ahmed n'a pas cessé depuis une semaine, de manifester sa position qui reste intransigeante à ce sujet. Après une série de déclarations publiques, inaugurée par la section d'Akfadou, le FFS a battu jeudi le rappel de ses élus en Kabylie pour un meeting sur la place publique de Tazmalt. Devant une foule nombreuse - il est connu que cette ville est l'un des plus importants fiefs du FFS - les élus venus des quatre coins du pays (Batna, Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa) ont largement abordé la situation politique induite par l'amorce d'un dialogue en vue du règlement de la crise en Kabylie. Comme il fallait s'y attendre, les représentants du parti d'Aït Ahmed dans les assemblées locales, issues du scrutin controversé d'octobre 2002, n'y étaient pas allés avec le dos de la cuillère pour vilipender les délégués interlocuteurs qui ont entrepris «un faux dialogue pour de fausses solutions avec un pouvoir de façade représenté par Ouyahia». De toutes les interventions ressortait la détermination des élus du FFS «à ne pas céder la Kabylie au pouvoir». Le P/APW de Béjaïa, M.Ferhat Hamici, est allé jusqu'à déclarer que «les interlocuteurs d'Ouyahia ne représentent même pas leur fiche familiale» mettant en défi ce dernier d'organiser «un vrai dialogue avec les partis politiques». Lui succédant, le P/APC de Béjaïa n'a pas caché sa colère face à l'option de dissolution des assemblées. A ce propos, l'orateur dira que «nous ne retirerons que si le président du parti le décide». «Faute de quoi, ajoute-t-il, nous ne laisserons jamais les assemblées du peuple même au prix de nos vies» avant de mettre en garde le pouvoir contre «les conséquences fâcheuses d'une telle initiative». Toutou Nacer, P/APC d'Akfadou, s'en est pris aux délégués de la première rencontre qu'il qualifie de «11 marionnettes avec un passé douteux». Pour lui, le dialogue en cours n'est rien d'autre qu'«une rencontre entre le pouvoir et lui-même». «Le processus de dialogue est intimement lié à la prochaine présidentielle d'avril 2004», estiment de nombreux orateurs. A ce titre, l'initiative des 11 a été qualifiée de «solutions techniques aux véritables problèmes politiques» pour le FFS, «le problème ne réside pas dans le changement des hommes mais dans celui du système par l'avènement d'une deuxième république» qui passe, soutient-on, par «l'élection d'une assemblée constituante». Hier, les élus du FFS étaient en conclave à la cinémathèque de Tich. On s'attend à ce que le FFS de Béjaïa investisse la rue en organisant dans les prochains jours pas moins de trois matches à Akbou, à Souk El Tenine et au chef-lieu de wilaya.