Les entretiens ont certainement porté sur l'ouverture des frontières entre les deux pays Cette visite intervient dans un contexte particulier marqué par le verdict rendu par le tribunal militaire marocain contre les 24 prisonniers sahraouis. Le secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, M.Nacer Bourita, était à Alger, mercredi et jeudi derniers. Il s'est entretenu avec plusieurs responsables algériens. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, M.Bourita est venu sur invitation de son homologue algérien, M.Nouredine Aoua. «Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un cycle de consultations qui sera mené par les ministères des Affaires étrangères des deux pays dans le but d'évaluer, avec la franchise et la sincérité nécessaires, tout le spectre de la relation bilatérale et de définir conjointement les conditions susceptibles d'engager cette dernière dans un processus de densification graduelle et pragmatique, l'objectif étant de conférer un caractère apaisé, équilibré et irréversible à la dynamique constructive impulsée par les échanges de visites ministérielles qui ont eu lieu au cours de l'année écoulée», a précisé M.Belani dans une déclaration à l'APS. M.Bourita et la délégation qui l'accompagnait ont été reçus, en audience, par le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, et par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel, a indiqué M.Belani. Pourquoi cette visite et maintenant? Toute la question est là. Les entretiens ont certainement porté sur les relations bilatérales, notamment l'ouverture des frontières entre les deux pays fermées depuis plus d'une décennie. Le dossier du Sahara occidental s'est imposé au débat. Cette visite intervient dans un contexte particulier marqué par le verdit rendu par le tribunal militaire marocain contre les 24 prisonniers sahraouis. L'émissaire de Rabat a eu, sans doute, à s'expliquer sur ce point. L'Algérie, par le biais de son représentant a l'ONU, a demandé de confier la surveillance des droits de l'homme à la Minurso. Dans son intervention devant le Comité des 34, le représentant de l'Algérie a affirmé: «Ma délégation estime qu'il est temps de réaffirmer la légalité internationale en plaçant la Minurso en conformité avec les autres missions de la paix et de s'assurer qu'elle inclut les fonctions de surveillance et d'élaboration de rapports (reporting) d'une manière régulière sur la situation des droits de l'homme.» Une proposition qui ne sera pas du gout du Royaume chérifien. A travers son émissaire, Rabat peut exprimer, indirectement, son mécontentement au gouvernement algérien. Il faut reconnaitre que le verdict rendu par le tribunal militaire marocain contre les 24 militants sahraouis continue de provoquer des réactions de partout. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), M.Mohamed Abdelaziz, a interpellé le secrétaire général des Nations unies, M.Ban Ki-moon, de la «profonde préoccupation» du Front Polisario et du peuple sahraoui quant à ce procès «injuste» des 25 citoyens sahraouis innocents. Selon un communiqué du ministère de la Communication sahraoui, le président Abdelaziz a appelé les Nations unies à «assumer leurs responsabilités quant au respect des droits de l'homme et à accélérer la mise en oeuvre du plan onusien pour l'organisation d'un référendum libre, juste et régulier pour l'autodétermination du peuple sahraoui». Par ailleurs, des voies s'élèvent un peu partout pour dénoncer les «lourdes» condamnations des prisonniers politiques sahraouis. En France, la Confédération générale du travail (CGT) a relevé que ces «lourdes» peines prononcées par un tribunal militaire à Rabat sont «en violation du droit international ainsi que de la législation marocaine». Un rassemblement de militants des droits de l'homme et de partis politiques est prévu le 27 février à Paris pour exiger la libération des Sahraouis condamnés et demander aux autorités françaises de dénoncer le procès «inique» dont ils ont fait l'objet. A Washington, l'organisation américaine RFKennedy dénonce le verdict et critique la justice marocaine. En Italie, la Confédération générale italienne du travail (Cgil), dans une déclaration reçue jeudi à Rome, a qualifié d'«inacceptable» ce verdict. En Grande-Bretagne, un large mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui a été constaté au lendemain de ce procès.