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Le président Abdelaziz préoccupé par «un procès injuste» des militants sahraouis La communauté internationale continue de dénoncer les «lourdes» condamnations des prisonniers politiques sahraouis
Synthèse de Ghada Hamrouche La condamnation des détenus politiques de Gdeim Ezik continue de soulever l'ire des responsables sahraouis. Jeudi, c'était au tour du chef de l'Etat, M. Mohamed Abdelaziz de faire part au secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, de la «profonde préoccupation» du Front Polisario et du peuple sahraoui quant au procès «injuste» des 24 citoyens sahraouis innocents, devant le tribunal militaire à Rabat, suite au démantèlement en novembre 2010 du camp de Gdeim Izik, proche de Laâyoune dans le Sahara occidental occupé. Selon un communiqué du ministère de la Communication sahraoui dont une copie a été reçue par l'agence Algérie presse service (APS), le secrétaire général du Front Polisario et chef de l'Etat, M. Mohamed Abdelaziz a exprimé, dans un appel téléphonique avec M. Ban Ki-moon, «la ferme condamnation par la partie sahraouie de ce procès militaire et de ses peines iniques». Le président sahraoui a affirmé, selon la même source, que les comportements «irresponsables» des autorités marocaines, «menacent de saper les efforts pour un règlement pacifique, juste et durable à la question de décolonisation du Sahara occidental». Le président Abdelaziz a appelé à cet effet les Nations unies à «assumer leurs responsabilités quant au respect des droits de l'Homme et à accélérer la mise en oeuvre du plan onusien pour l'organisation d'un référendum libre, juste et régulier pour l'autodétermination du peuple sahraoui». La communauté internationale, représentée par des partis politiques, des associations et des organisations, a continué jeudi de dénoncer les «lourdes» condamnations des prisonniers politiques sahraouis. Le parti de la refondation communiste italien (PRC) a, dans ce sillage, condamné le verdict prononcé dimanche dernier, par le tribunal militaire marocain à Rabat, contre les militants sahraouis. Dans une déclaration reçue par l'APS, hier à Rome, le responsable des relations extérieures du parti, Fabio Amato, qui a qualifié de «farce» le procès intenté contre les militants sahraouis du camp de Gdeim Izik, a affirmé que le verdict était une «autre violation des droits des peuples». Jugeant les peines prononcées contre les militants sahraouis de «persécutions», le responsable a estimé qu'elles sont de «nature politique». «Ce n'est pas de la justice, mais une action de répression qui vient s'ajouter aux innombrables actions de violation des droits de l'homme contre le peuple sahraoui», a souligné ce responsable. D'autres associations et organisations ont, pour la plupart, appelé à la libération «immédiate» des 24 prisonniers sahraouis de Gdeim Izik, exhortant notamment le Conseil de sécurité des Nations unies à intervenir pour demander l'annulation du verdict. Le Centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'Homme a dénoncé ces lourdes condamnations, tout en critiquant le Maroc pour sa «violation des normes d'un procès équitable». «RFK Center exprime sa profonde inquiétude des mauvais traitements et du procès militaire réservé aux 24 Sahraouis par le Maroc», a indiqué dans un communiqué cette organisation basée à Washington, exigeant une enquête «exhaustive» sur les tortures subies par les prisonniers politiques sahraouis. De son côté, la Confédération générale italienne du travail (Cgil) a qualifié, dans une déclaration à Rome, le verdict d'«inacceptable», par la voix de Sergio Bassoli, chef du département de politique générale du plus grand syndicat des travailleurs italiens, qui compte plus de 6 millions d'adhérents. Dans le même sillage, quatre Organisations non gouvernementales (ONG) italiennes amies du peuple sahraoui ont dénoncé ces «lourdes» condamnations et appelé à la «libération immédiate» des prisonniers politiques sahraouis. Il s'agit de trois ONG basées en Italie (Jaima sahraouie, Kabara et El Ouali) qui sont regroupées au sein de la «Campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques sahraouis». Elles ont émis, dans un communiqué conjoint, un «SOS-liberté» pour le groupe de militants du camp de Gdeim Izik, alors que l'Association nationale de solidarité avec le peuple sahraoui (Ansps), a fait observer que «Rabat s'illusionne de décapiter le printemps sahraoui». En France, la Confédération générale du travail (CGT) a relevé que ces «lourdes» peines prononcées par un tribunal militaire à Rabat sont «en violation du droit international ainsi que de la législation marocaine». «La CGT dénonce ce simulacre de justice aux ordres qui veut briser des militants qui ne cessent d'agir pour simplement faire appliquer les résolutions de l'ONU», a écrit la confédération dans un communiqué. Par ailleurs, un rassemblement de militants des droits de l'Homme et de partis politiques est prévu le 27 février à Paris pour exiger la libération des Sahraouis condamnés et demander aux autorités françaises de dénoncer le procès «inique» dont ils ont fait l'objet. Cette action, à l'appel du Collectif sortir du colonialisme, intervient pour faire «rappeler à la France officielle ses engagements en matière de défense des droits de l'Homme», a indiqué le président du Collectif, Henri Pouillot. Pour sa part, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (Remdh) a condamné «la tenue du procès inéquitable» des 24 Sahraouis annonçant qu'un «rapport complet» sur ce procès sera publié dans les prochaines semaines. Le Remdh a indiqué, à ce propos, que «la tenue d'un procès aussi inéquitable laisse mal augurer la réforme judiciaire annoncée par le gouvernement (marocain)», rappelant que le Réseau est composé de représentants d'organisations de défense des droits de l'Homme, d'institutions et de personnes situées dans 30 pays de la région euro-méditerranéenne. De son côté, le président de l'Association des familles des détenus et des disparus sahraouis, M. Abdeslam Omar, a dénoncé ce verdict arbitraire, le qualifiant de procès «illégal». Un des avocats du collectif de la défense, Me Mohamed Messaoudi, a affirmé dans une conférence de presse au siège de l'association marocaine des droits humains (Amdh), que le tribunal militaire de Rabat était un «tribunal d'exception» et le procès des 24 Sahraouis activistes des droits de l'Homme n'était «ni juste, ni équitable». Me Messaoudi, accompagné de deux prévenus sahraouis, libérés pour avoir purgé la peine correspondant à la durée de la détention préventive (plus de 27 mois de prison), a notamment relevé que le président du tribunal avait un «pouvoir absolu pour prendre n'importe quelle décision» par rapport au dossier, ajoutant que le procès «n'était pas juste devant la loi et la justice» dans le fond.