Un rendez-vous incontournable du cinéma africain Place au cinéma dans les salles du Burkina, Neerwaya et l'Institut culturel français notamment, qui vont bouillonner de monde jusqu'au 3 mars. C'est samedi 23 février qu'a débuté, au stade 4-Août de la capitale, burkinabée l'un des plus grands rendez-vous culturels de l'Afrique. Mais, avant cela petit flash-back. Nous laissons Alger la pluvieuse pour les 38 de chaleur torride de Ouaga. D'entrée, le contact avec cette 23e édition du Fespaco, le plus prestigieux Festival cinématographique panafricain ne se fait pas sans heurt ni désagrément. Une ambiance d'anarchie régnait en matinée au siège du Fespaco, lieu où sont délivrés toute sorte de badges. Environ 1 000 ont été délivrés, paraît-il, pour la presse et 8000 pour les invités, toutes disciplines confondues. Résultat des courses: plus d'encre! Encore moins de cordon qui sert à maintenir le badge et qui vous permet d'accéder aux salles de ciné ou à la pelouse du stade (en fonction de sa couleur). L'encre est une denrée rare que l'on importe de France et cela met au moins un mois! Peine perdue. L'attente semble être salvatrice, puisque le seul, par chance, qui reste est le nôtre, que l'on obtient après avoir insisté et brandi la carte du professionnalisme, à savoir: être accréditée dans les délais prescrits sur le site du Fespaco. Il n'est donc pas question de dépenser de l'argent pour «acheter» un quelconque badge ou ticket. Etre sérieux cela paye parfois. Que feront donc les autres journalistes? Notamment ceux envoyés tardivement par le ministère de la Culture? Une délégation nationale composée, entre autres, de journalistes (presse, radio et télé) et notamment de Nesroun Bouhil, chargée de la distribution au sein de l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturelle) venue accompagner deux films algériens en compétition, Yema de Djamila Sahraoui et Zabana! de Saïd Ould Khelifa et dont l'Aarc est coproducteur. C'est sous un soleil de plomb que nous nous dirigeons l'après-midi au stade du 4-Août pour assister à la cérémonie d'ouverture du festival qui va durer jusqu'au 3 mars. Rendez-vous incontournable du cinéma africain, de grands noms du cinéma africain comme Nabil Ayouch, Moussa Touré, Alain Gomis ou Flora Gomes, prendront part cette année et seront en lice pour l'Etalon d'or de Yennenga. Le directeur artistique, Ardiouma Soma, a sélectionné 101 films de 35 pays qui permettent «un voyage à l'intérieur de l'Afrique et à travers de toutes les contradictions de l'Afrique». Un festival qui a choisi d'avoir des jurys exclusivement féminins. Un événement placé aussi sous la thématique «Cinéma africain et politiques publiques en Afrique» et où 12 films burkinabés sont en compétition et ce, dans un contexte paradoxal miné par des faiblesses du cinéma du pays des hommes intègres. Un cinéma qui souffre d'insuffisances, tant sur le plan de la production, de la distribution que de la piraterie. C'est en présence du Premier ministre, des premières dames burkinabées et gabonaises (le Gabon étant le pays d'honneur du festival) ainsi que des cinéastes et le grand public que la fête a pris place le soir donc au stade du 4-Août. Un lieu qui fait presque office de marché puisque on y vend plein de choses, à même le sol (vêtements, boissons, aliments..). Et au Burkina, les marchands sont tenaces et sont bien décidés à ce que vous y achetiez un truc chez eux dés que votre oeil flaire l'objet. Mais avant la fiesta et les scènes de liesse qu'ont provoquées les deux artistes Grec du Burkina et Flaviour du Niger, place aux discours officiels. Le premier est prononcé par le maire du Burkina qui a souligné l'importance du 7e art, évoquant «la place des cinéastes qui contribuent davantage au renforcement du statut de notre ville comme capitale du cinéma africain». Et d'indiquer également: «L'aura qu'à donnée le Fespaco à la ville de Ouagadougou par sa dimension internationale». Pour sa part, le ministre de la Culture, affirmera que «le cinéma est un élément et un patrimoine culturel important qui pendant de longues années, a joué un rôle social important dans la mobilisation, la sensibilisation, l'éducation et l'éveil des consciences. Aujourd'hui, il est plus que question que le cinéma participe au développement de notre pays. Le cinéma aussi est un important élément d'intégration de nos peuples qui ont à partager les mêmes ambitions et les mêmes espoirs. Nous devons faire en sorte que cette dimension sociale du cinéma prenne de l'ampleur pour consolider la paix et la cohésion entre les peuples dans une Afrique souvent en proie à de multiples tensions sociales voire identitaires, alimentées par une méconnaissance de notre appartenance à cette même entité» et de révéler: «Cela passe par une meilleure structuration de ce secteur à travers l'adoption de textes réglementaires, une meilleure organisation du métier et aussi et surtout la ratification et la signature par nos Etats de la charte africaine de la culture. Il s'agit de mettre en place une véritable émergence d'une industrie, de donner l'occasion au public africain de se ressourcer dans un contexte où s'amenuise les moyens de promotion et de distribution du cinéma, alors que le Fespaco amorce sa vitesse de croisière, il nous paraît nécessaire de travailler à côté de notre festival..». Après les mots de conventions, place au spectacle avec Wakatt de Seydou Boro qui proposera une fresque musicale et chorégraphique (traditionnelle, contemporaine, warba du terroir et salsa) s'appuyant sur la puissance et la vivacité des danses afin de marquer l'engagement de la jeunesse africaine qui sait qu'elle est l'avenir de l'humanité, donc du futur. Derviches-tourneurs, poupées géantes, danseurs aux tenues multicolores et chevaux de la garde républicaine sont les quelques éléments qui ont composé les grands moments de ce spectacle qui raconte ce temps qui agit sur l'homme et sur qui l'homme agit aussi. Le clou de la soirée sera incontestableme ce feu d'artifice qui illuminera le ciel du Burkina de mille feux. Enfin, notons que Seydou Boro signera aussi le spectacle de clôture du Fespaco, intitulé Le masque.