Très discret, l'ancien émir au GIA refuse de confirmer que des éléments de l'ex-FIS éprouveraient de la sympathie pour Ali Benflis. Ali Benhadjar a hanté les redoutables maquis de Médéa entre 1993 et 2000. Dans un long entretien accordé au journal londonien Al-Hayat, il revient sur des évènements dont il a été le témoin direct. Il revient également sur les sujets brûlants du moment. Ainsi, tout comme il s'était démarqué du GIA, depuis l'assassinat de Redjam et Mohamed Saïd et la radicalisation de ce mouvement sous la férule de Djamel Zitouni, il continue de se revendiquer de l'ex-FIS. L'homme, qui a profité de la grâce amnistiante depuis qu'il a rejoint les rangs de l'AIS, indique que son «parti prendra la décision qu'il faut à propos de la présidentielle au moment opportun». Il n'en ajoute pas moins, rejoignant les grandes lignes du plan de paix de Abassi Madani, qu'«un report est nécessaire puisqu'un nouveau mandat, quel qu'en soit le bénéficiaire, dans la situation actuelle, ne résoudrait pas la crise. Une crise qui est loin de se confiner au simple conflit apparu entre Bouteflika et Benflis». A ce propos, justement, Benhadjar, qui donne l'air d'avoir gardé des contacts importants au sein des rangs de l'ex-FIS pour en avoir été député de Médéa avant l'annulation du scrutin, indique ne rien savoir du fait que «des éléments de ce parti éprouveraient assez de sympathie pour voter en faveur de Benflis depuis qu'il a eu le courage de démissionner de son poste de ministre de la Justice lors de la période noire des camps du Sud» et dont le concerné avait été une des victimes. Dans le même cadre, Benhadjar, en dépit de la grâce amnistiante qui en a fait un citoyen à part entière malgré tout ce qu'il a fait, donne l'air de ne pas avoir assez reçu. Il refuse en effet de lancer un appel à la reddition des éléments du GIA qu'il combattait il n'y a pas si longtemps de cela. Il estime que ces gens, de même que ceux de l'AIS, restent «privés de leurs acquis (politiques?), de leurs droits et de leur dignité». Benhadjar, dans des révélations qui restent quand même à vérifier, a souligné qu'il a vengé «indirectement l'assassinat de Mohamed Saïd et Redjam lors d'une embuscade tendue à un groupe du GIA et durant laquelle Zitouni a été abattu en même temps que deux de ses principaux lieutenants». Il explique qu'à la mort de Gousmi, émir du GIA, ce n'est pas l'anonyme Zitouni qui devait prendre la succession, mais plutôt Mahfoud Tadjine, accusé par la suite d'être proche du mouvement djazaâriste, qui a, par la suite, fini par être littéralement éradiqué sur le territoire national. Zitouni, que Benhadjar soupçonne de rouler pour d'autres causes et intérêts, s'est fait connaître depuis l'assassinat d'un gendarme à l'ambassade de France et le vol d'une Douchka sur un navire de guerre. Benhadjar, mettant fin à pas mal de spéculations et accusations, confirme également que c'est Zitouni qui se trouve derrière l'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibehirine. Il précise, toutefois, que comme pour toutes les autres opérations d'envergure, «il avait fait appel à des katibate venues d'autres régions du pays depuis que celle que (Benhadjar dirigeait) avait refusé de prendre part à cet enlèvement».