Le conférencier qui qualifiait La Colline oubliée de roman fondateur de la littérature algérienne, voulait en fait donner à Mammeri sa vraie dimension de fondateur d'une vision nouvelle. Parallèlement à la clôture de l'hommage que lui a rendu sa colline, la Maison de la culture qui porte son nom, dans la ville de Tizi Ouzou, consacre depuis hier un colloque international à l'écrivain Mouloud Mammeri. Des chercheurs et des universitaires se sont succédé dès la matinée pour aborder divers angles sur l'immense oeuvre de cet intellectuel. Pourquoi nous aimer si nous sommes la fin disait Tamousni à l'amousnaou, écrivait Mammeri pour dire la mort nécessaire de l'oralité et l'éclosion de l'écrit. Malgré les turpitudes et les difficultés du monde moderne. Un monde que l'écrivain et ethnologue algérien voyait toujours en train de faire disparaître la culture de ses ancêtres, comme l'affirmait dans sa conférence Charles Bonn, professeur émérite à l'Université de Lyon qui s'interrogeait dans sa communication si la catégorie «romans ethnographiques» qui reste souvent appliquée aux romans de Mouloud Mammeri et Mouloud Feraoun est encore valable. Le conférencier qui qualifiait La Colline oubliée de roman fondateur de la littérature algérienne voulait, en fait, donner à Mammeri sa vraie dimension de fondateur d'une vision nouvelle. Pour Charles Bonn, la naissance de cette littérature algérienne ressemble fort à la naissance de la tragédie grecque. Une trentaine d'années, celles qu'a prises la naissance de la littérature algérienne ont été également nécessaires pour les Grecs pour inventer la démocratie et le cénacle. Il est cependant à signaler que le conférencier est attendu aujourd'hui dans une autre communication où il s'étalera sur son site Internet, base de données et outil au service des littératures maghrébines. Pour sa part, Fatima Boukhelou, abordait La Colline oubliée sur autre angle. Intitulée, l'oeuvre mammerienne, «du cri à l'écriture», l'enseignante à l'Université de Tizi Ouzou affirmait que le roman est le passage d'un monde ancien et oral à la modernité. Un passage qui n'est pas sans rejoindre la notion de sacrifice évoquée récemment par Charles Bonn. La mort de Mokrane, pour l'universitaire, symbolisait, dans La Colline oubliée, ce passage d'un monde à l'autre. En fait, le colloque qui a débuté hier se poursuit aujourd'hui avec d'autres intervenants. L'oeuvre monumentale de Mouloud Mammeri sera observée, sculptée et dite par plusieurs autres conférenciers. Ce qui constituera inévitablement une matière pour des travaux de recherches et des écrits journalistiques culturels détachés des entraves de l'actualité. Ainsi, Mme Boukhelou reviendra devant le public dans une communication intitulée, «Mammeri et la migration générique». Aziz Namane, quant à lui, animera une conférence sous le thème «Mouloud Mammeri, culture acquise, expansion réciproque» avant de céder la parole à Mme Lila Bachir Pacha-Abdeslam qui parlera des voix réelles et des voix d'empreint. Mme Kharoubi de l'Université de Tiaret, elle, évoquera l'errance dans La Traversée de Mammeri. Une conférence est attendue également sous le thème, «L'écriture des traversées de Mouloud Mammeri: l'univers poétique tamazight et le français ensemencé de l'écrivain». La communication sera animée par Mme Roswitha Geyss, Autrichienne de l'Université de Viennes.