Les débats étaient captivants et accrocheurs à souhait. «Le roman se situe entre l'histoire et la fiction.» Après Wassyla Tamzali, Hamid Grine, la dynamique équipe de la Ballade littéraire de Béjaïa a enchaîné les débats avec une autre figure emblématique de la nouvelle génération de la littérature algérienne, l'«irréductible» homme de lettres, Amine Zaoui, en l'occurrence. En l'espace d'un après-midi la Ballade littéraire guidée avec habileté par le duo Fatah Bouhmila et Noureddine Saïdi a offert un plateau agréable tout simplement. Très à l'aise, comme à chacune de ses sorties dans l'ex-capitale des Hammadites, l'invité de Ballade littéraire au Théâtre régional de Béjaïa, samedi dernier, a présenté son dernier roman, Le dernier juif de Tamentit, paru aux éditions Barzakh. Les débats étaient captivants et accrocheurs à souhait. «Le roman se situe entre l'histoire et la fiction. Il m'a fallu une investigation de trois ans, ponctuée par des voyages à Tamentit dans le Touat et des recherches sur les archives et les manuscrits de la région», a déclaré l'auteur, d'emblée, pour présenter son ouvrage. Un roman concocté et monté à travers une histoire d'amour entre une juive et un musulman, lesquels se dévoilent chacun de son côté en remontant l'histoire pour fouiner profondément dans le but d'arriver à cette Algérie plurielle que nous avons perdue au fil du temps. Une Algérie, dira l'auteur avec insistance «où cohabitaient toutes les races et les confessions». À une question sur l'intention de l'invité de Ballade littéraire quant à faire dans la provocation en remettant sur la table la question de la judéité en Algérie, il répliquera avec délicatesse: «Je suis pour la provocation, mais pour une provocation basée sur la culture et le savoir», précisera-t-il, avant d'affirmer: «Cette ville de Tamentit a été massacrée et démolie. Depuis le XIVe siècle, on n'a pas assisté à la renaissance des villes sans pluralité et sans multiculturalité.» Ainsi, en abordant la question de la reconstruction de l'Algérie plurielle, l'auteur n'a pas été avec le dos de la cuillère et n'a pas été tendre avec la société civile, la classe politique, en générale, et l'Université algérienne, en particulier. «Les responsabilités n'ont pas été assumées à tous les niveaux. Il y a une démission complète et absolue de la société civile d'une part, et l'université comme le système éducatif n'ont pas joué leur rôle dans la construction du citoyen algérien avec ses capacités autodéfensives, aussi bien culturelles qu'intellectuelles»,a-t-il jaugé avant de lier des deux volets culturel et urbanistique à propos de la construction des nouvelles villes en marquant son désaccord «... En Algérie, nous ne sommes pas en train de bâtir de nouvelles villes, nous construisons des bâtiments. Il n'existe hélas plus cette philosophie architecturale enveloppant majestueusement, même dans la sobriété des villes comme Tlemcen, Béjaïa ou Constantine...» En outre, la conférence ne s'est pas focalisée uniquement sur le dernier roman du conférencier, mais plutôt sur plusieurs autres sujets, ce qui était inévitable comme à chaque fois dans toute rencontre de ce genre. Plusieurs sujets ont été abordés en sautant de la littérature à la poésie puis à l'histoire: entre autres. A cet effet, comme pour synthétiser l'autre avec sa finesse, il dira à propos d'histoire: «Je suis un lecteur d'histoire, pas un historien, et je lis l'histoire avec un oeil de littérateur. Le romancier écrit l'histoire des sentiments, celle de l'intérieur relative à l'affection, l'amour, et l'amitié avec bien évidemment courage avant d'oser dans l'écriture». Par ailleurs, l'auteur qui a insisté sur l'immense respect qu'il a pour les belles plumes de la presse nationale dans les deux langues, d'ailleurs, n'a pas manqué de faire une confidence, s'agissant de sa collaboration au quotidien Echourouk: «...Même si je ne partage pas la ligne éditoriale de ce quotidien, je n'ai jamais été censuré par ce dernier que je respecte absolument. Quant aux commentaires que suscitent mes écrits, la plupart sont des insultes, mais cela ne me décourage pas pour autant!»