Hugo Chavez entouré de ses proches parents Le Président Vénézuélien, qui avait en 14 ans de présidence réussi à combattre les inégalités sociales dans sa chère patrie, a perdu son combat contre le cancer. Le Venezuela en deuil. Le pays vient de perdre son emblématique et non moins adoré chef d'Etat. Hugo Chavez s'est en effet éteint mardi à Caracas à seulement 58 ans. Cette mort fait suite à un combat qu'il a mené contre le cancer depuis juin 2011. Lui qui avait en 14 ans de présidence réussi à combattre les inégalités sociales dans sa chère patrie, n'a pas pu venir à bout de la maladie. Hugo Chavez luttait depuis juin 2011 contre un cancer dans la zone pelvienne. Après plus de deux mois d'hospitalisation à Cuba, il était rentré par surprise à Caracas le 18 février, mais n'avait ni été vu ni entendu publiquement depuis cette date. Le Venezuela vivait ces derniers temps au rythme des rumeurs et des démentis autour de la santé du président, le gouvernement affirmant qu'il continuait de diriger le pays, l'opposition réclamant des informations claires. Lui était tout simplement revenu pour mourir sur ses terres. Il laisse ainsi son pays sous le choc et dans l'incertitude avant une nouvelle élection présidentielle qui doit être organisée dans les 30 jours. Les Vénézuéliens pleurent donc leur chef après avoir longtemps cru à la rémission de sa maladie. Mais la terrible nouvelle tombe dans l'après-midi de mardi dernier. «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16h25 (20h55 GMT) aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant-président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement une maladie pendant près de deux ans», a déclaré, dans une allocution retransmise par toutes les chaînes de télévision du Venezuela, le vice-président et héritier désigné, Nicolas Maduro. Les Vénézuéliens pleurent «El comandante» Juste après cette tragique nouvelle, Caracas a été plongée dans un silence pesant. De nombreux commerces et l'ensemble des transports publics ont immédiatement cessé toute activité, tandis que des centaines de partisans du «comandante», visiblement, sont spontanément sortis dans la rue pour lui rendre un dernier hommage. Devant l'hôpital militaire de la capitale où il était soigné, plusieurs centaines de personnes ont improvisé une manifestation, brandissant son portrait et scandant des slogans à sa gloire «Chavez au Panthéon!», «Nous sommes tous Chavez!», criaient certains. «Cet homme nous a appris à aimer notre patrie, le commandant part physiquement, mais reste dans nos coeurs», a réagi Frances Izquierdo, une employée municipale qui résume le sentiment général chez toute la population. Les autorités ont décrété sept jours de deuil et des funérailles nationales sont prévues pour vendredi. Ils ont également appelé au calme après cette tragédie. La sortie spontanée de la population suite à la perte de leur leader charismatique, fait craindre aux autorités des dépassements. Le vice-président Nicolas Maduro a lancé plusieurs appels au calme et souligné que l'armée et la police avaient été déployées «pour accompagner et protéger notre peuple et garantir la paix». Le ministre de la Défense, Diego Molero, a, quant à lui, déclaré que les forces armées restaient «unies pour respecter et faire respecter la Constitution». Un responsable militaire de haut rang, le général Wilmer Barrientos, a ensuite affirmé qu' «une situation pleinement normale» régnait au Venezuela. «Si le gouvernement a la capacité d'organiser l'élection même avant un mois, il le fera», a estimé l'observateur politique, Luis Vicente Leon. «Le plus tôt sera le mieux, il va profiter électoralement de l'émotion provoquée par la mort du président», a encore prédit l'analyste. Pour ce scrutin anticipé, M.Maduro sera probablement opposé au gouverneur Hommage de son principal opposant Henrique Capriles, 40 ans, battu par Hugo Chavez en octobre et qui a appelé devant la presse le gouvernement à respecter ses «devoirs constitutionnels», a déclaré en outre que le défunt chef de l'Etat avait été pour lui un «adversaire» et non «un ennemi». Le chef de file de l'opposition vénézuélienne a appelé, mardi, les Vénézuéliens à «l'unité» et a transmis sa «solidarité» à la famille du président. «Ma solidarité à toute la famille et aux partisans du président Hugo Chavez, nous plaidons pour l'unité des Vénézuéliens», a annoncé le gouverneur du riche Etat de Miranda (nord) sur le site de micro-blogs. Il a ainsi rendu un vibrant hommage à son ex-adversaire politique que les Vénézuéliens disent avoir été empoisonné par les Etats-Unis. Le vice-président vénézuélien, Nicolas Maduro, a accusé mardi les «ennemis historiques» du Venezuela d'avoir provoqué le cancer qui a tué Hugo Chavez. «Nous n'avons aucun doute, arrivera un moment dans l'Histoire où nous pourrons créer une commission scientifique (qui révèlera) que le commandant Chavez a été attaqué avec cette maladie (...) Les ennemis historiques de cette patrie ont cherché un point faible pour atteindre la santé de notre commandant», a déclaré M. Maduro à l'issue d'une réunion des hauts responsables politiques et militaires du pays. Le vice-président, dont l'allocution était retransmise à la télévision, a également annoncé l'expulsion du pays d'un attaché militaire de l'armée de l'air américaine à l'ambassade des Etats-Unis, David Del Monaco, accusé de conspirer au sein des forces armées vénézuéliennes. Le symbole de la lutte anti-impérialiste Les relations entre les Etats-Unis et le Venezuela étaient très tendues. Depuis que Chavez a pris le pouvoir, il y a 14 ans, les relations entre les deux pays allaient de conflit en conflit. Hugo Chavez a développé des discours anti-américains. Il était considéré comme le «Che» des temps modernes. Il était devenu le symbole de la lutte anti-impérialiste et des pays non-alignés. En même temps, il a su faire preuve de pragmatisme, ne suspendant jamais ses livraisons de pétrole aux Etats-Unis, en dépit de ses critiques acerbes contre «l'impérialisme yankee». Chavez avait des relations très particulières avec Fidel Castro avec qui, il partage ses visions anti-américaines. Sous sa direction, le Venezuela a réussi à empêcher le blocus américain contre Cuba de produire son effet destructeur dans un contexte où l'île de la Liberté était pratiquement isolée et vulnérable. Depuis ses débuts en politique, le dirigeant révolutionnaire cubain Fidel Castro a fait figure de mentor pour Hugo Chavez. Castro perd un autre «Che» Deux décennies durant, les deux hommes ont été des amis, des alliés, des confidents, se soutenant inconditionnellement, tant au plan intérieur, que sur la scène internationale, au point que Hugo Chavez a proposé d'unir leurs deux pays dans une fédération, une idée refusée par ses compatriotes lors d'un référendum en 2007. Fidel Castro a repéré le jeune lieutenant-colonel parachutiste, de 28 ans son cadet, lors de sa tentative de coup d'Etat en 1992 contre les vieux partis et l'oligarchie vénézuélienne. Gracié après deux ans de prison, Chavez a été invité à La Havane et reçu par Castro comme un chef d'Etat. Fidel Castro était un bon conseil de Chavez. C'est lui qui lui a soufflé l'idée de la «révolution bolivarienne». Après un coup d'Etat manqué en 2002 contre Chavez, son mentor cubain lui suggère en 2003 de lancer des programmes sociaux en direction des populations les plus défavorisées. Une initiative qui l'aidera à remporter en 2004 un référendum révocatoire convoqué par l'opposition. Logement, accès aux soins médicaux, alimentation... Chavez a investi des milliards de pétrodollars pour mettre en place ces programmes, auxquels Cuba a participé activement en envoyant, notamment des milliers de médecins et coopérants au Venezuela, mais aussi des experts militaires. Et jusqu'à la fin de sa vie, alors qu'il passait plus de temps à Cuba qu'au Venezuela pour se faire soigner de son cancer, Chavez a reçu des conseils de son mentor, lui-même retiré pour raison de santé depuis 2006, qui l'incitait à prendre mieux soin de lui. Voilà donc que Fidel Castro perd un second «Che». Hugo Chavez s'en va laissant derrière lui Castro, mais aussi l'image d'un président défenseur des causes perdues.