L'amélioration de la prise en charge n'est pas une affaire de structures rénovées à coup de milliards, de matériaux de luxe, mais une affaire d'hommes et de femmes. Décidément, chaque jour apporte son lot de surprises dans la wilaya de Bouira où le secteur de la santé est en deçà des attentes. Pour avoir accompagné un malade au CHU de Tizi Ouzou, nous avons assisté à des moments qui obligent à rapporter ce périple. Au départ, c'est l'hôpital de Bouira. «On n'a rien pour prendre en charge ce cas» était la réponse du médecin de garde de Bouira. Le spécialiste privé, recours des parents, oriente le père et la mère au CHU de Tizi Ouzou, au département de néonatalogie. Arrivés aux alentours de 21 heures, le nouveau-né est pris en charge. Scanner, IRM, analyses sont les premiers actes médicaux. Quatre médecins se relaient dans cette prise en charge. Quant à Bouira, un généraliste, assis derrière une table en face d'une pile d'ordonnance, se limite à vous questionner sur le cas pour conclure à la fameuse réponse standard: «On ne peut rien lui faire». Sommes-nous dans deux pays différents est la question qui taraude l'esprit de toute personne qui se présente dans ce lieu. A Tizi Ouzou après plus de trois heures d'auscultation approfondie, le médecin conclut à une hospitalisation et une méthode à tenir. Il est 00h35mn, il appelle Bouira pour leur demander de prévoir une place. La réponse est formelle: «On n'a pas de place!» Le haut sens de responsabilité du médecin du service de néonatalogie fait qu'il préfère ne pas prendre un quelconque risque et décide de garder l'enfant juste âgé d'une semaine, en recommandant de refaire la série d'analyses pour confirmer le premier diagnostic. Cette histoire est une réalité qui permet de conclure et de découvrir que la santé en Algérie n'est pas totalement pourrie. Si elle l'est dans certaines régions, au CHU de Tizi Ouzou, au service de néonatalogie, il y a des hommes et des femmes, tous corps confondus, qui font leur travail consciencieusement et avec abnégation. L'amélioration de la prise en charge n'est pas une affaire de structures rénovées à coup de milliards, de matériaux de luxe, mais une affaire d'hommes et de femmes, de qualification, d'amour du métier... le parquet du service date de l'époque coloniale, mais il est entretenu et propre. Le parquet de l'hôpital de Bouira est neuf mais sale. Les médecins, infirmiers des deux sexes à Tizi vous reçoivent avec le sourire, la tendresse qui atténue les soucis et la peur des patients et de leurs accompagnateurs. A Bouira, l'agressivité est sur les visages, dans les paroles. Les préposés à l'accueil, les personnels en exercice ne se donnent jamais la peine de vous encourager, de vous renseigner. Un centre d'imagerie flambant neuf ne dispense pas ses services au motif qu'il n'y a pas de radiologue. A la maternité, des sages-femmes font la loi en orientant la quasi-totalité des patientes vers les établissements privés de la ville. Même décision quand on se dirige au laboratoire. Aux urgences et mis à part les perfusions, aucun autre acte n'est possible avec la rareté des anti-douleurs, contre la fièvre... L'hôpital de Bouira est un éternel chantier, puisque qu'en moins de trois ans, trois réaménagements du service des urgences ont été réalisés. Là aussi et il est opportun de préciser qu'à moins de 40 km, à Lakhdaria, la prise en charge des malades est de loin meilleure. En attendant la réalisation d'un CHU, Bouira continuera à dépendre des autres wilayas plus dotées dans plusieurs secteurs. Les inscriptions d'un hôpital mère-enfant, de plusieurs structures sanitaires, la promesse d'affecter des spécialistes... sont autant de décisions qui s'inscrivent dans la volonté de mettre un terme à ce fiasco et que ces décisions soient exécutées rapidement.