Le célèbre comédien français Philippe Torreton animera pour la première fois un spectacle en Algérie. De Manosque à Alger, les Nuits de la correspondance sont en passe de devenir une tradition chez nous. Et c'est tant mieux. Les mordus d'écriture seront contents de renouer avec cette manifestation qui a fait couler beaucoup d'encre, l'année dernière, et ce, au sens propre du terme. Une manifestation qui met à l'honneur le style épistolaire et privilégie toutes formes de créations littéraires par lettres. Ainsi durant 2 jours, mercredi et jeudi prochains, le Bastion 23 et la bibliothèque de Mohammadia seront particulièrement animés par différentes activités. Les amoureux des lettres reverront avec bonheur le concept de chambres d'écriture, des aménagements d'espace qui offrent librement et gratuitement à chacun un cadre plaisant et des outils nécessaires à l'écriture. De façon à nourrir l'imaginaire du public. Les espaces sont, selon les cas, des installations réalisées par des plasticiens. Aussi, chacun pourra donner libre cours à ses envies de création littéraire mais aussi plastiques puisque plusieurs ateliers seront érigés en ce sens. Des musiciens accompagneront l'acte d'écriture. Un atelier d'écriture pour enfants sera animé par Djallila Hajar Bali et Nadjet Taibouni, un autre de calligraphie plastique par Hachemi Mokrane. L'art postal sera initié aux enfants par l'équipe de la Bibliothèque urbaine de Mohammadia (BUM) et pour les grands par M. et Mme Ballar. Aude Vincent propose de raconter les nuits d'ici et de là-bas sous forme de carnet de voyages décliné en images. Azwaw Mammeri nous dévoilera pour la 1re fois sa toute nouvelle cuvée picturale baptisée «Les signes errants». Ce sera une façon pour l'artiste de souhaiter ses voeux pour la nouvelle année au Bastion 23. Hauts lieux d'échanges et de brassages culturels, la BUM et le palais des Raïs connaîtront des moments fort enrichissants avec des lectures croisées, des débats, des tables rondes, des cafés littéraires...qui seront animés par des personnalités du monde des arts et des lettres, des écrivains algériens et français de renom à l'image de Dominique Noguez, Stéphane Zagdanski, Fabienne Pavia du Bec, Sofiane Hadjadj coéditeur des éditions Barzakh, Mabrouk Belhocine auteur d'Alger Le Caire. Hamid Nacer Khodja, poète, Sylvie Garcia et Jean Rolin qui parleront de leurs nouveaux textes L'ongle rose et La clôture, Adlène Meddi, journaliste-écrivain, Mourad Djebel qui présentera son roman Les sens interdits, Maïssa Bey qui débattra autour de l'écriture féminine sans oublier Rachid Boudjedra. Deux spectacles figurent également au programme. Le premier porte le nom d'Algérie j'écris ton nom. Le metteur en scène et comédien Amine Idjer a sélectionné et mis en espace des lettres publiées dans Télérama et dans L'Humanité pour témoigner des liens qui existent entre l'Algérie et la France. Que ce soit durant la période coloniale ou plus récemment quand le terrorisme a obligé des Algériens à s'exiler et des Français à quitter un pays auquel ils étaient attachés...Le second est intitulé «Algérie je t'écris!» Recueil de lettres publiées par Télérama dans lesquelles se dessinent les contours d'une histoire partagée, passionnelle et violente. Ses lettres seront lues par Philippe Torreton, comédien, ancien de la Comédie française et César du meilleur acteur en 1995 pour son rôle dans Capitaine Conan de Bertrand Tavernier. C'est la première fois qu'il vient en Algérie. Philippe Torreton marquera assurément cette seconde édition des Nuits algériennes de la correspondance. Sa première scène de théâtre remonte à l'âge de 12 ans quand sa mère l'inscrivit dans un club de théâtre de sa ville (Rouen) afin de l'aider à surmonter sa timidité. Or, cet homme de théâtre, dès sa plus tendre enfance, voulait être...flic! Tandis qu'il attend le dossier pour passer le concours d'inspecteur, il tente le conservatoire d'art dramatique de Paris, pour voir. Il est reçu du premier coup. Nous sommes alors en 1987. Trois ans plus tard, chaudement recommandé par son professeur Daniel Mesguish, il entre à la Comédie française, encore sous la direction d'Antoine Vitez. Il y restera jusqu'à la fin 1998 après 7 ans de bons et loyaux services. Il aura, entre-temps, exploré le répertoire classique sous la direction de Vitez, Jean-Piere Vincent, Dario Fo, Claude Régy et Georges Lavandant entre autres. Bertrand Tavernier le remarque dans Le malade imaginaire et lui confie le rôle d'un jeune ambitieux inspecteur de police dans L. 627. Entre deux films où il apparaît toujours en second couteau, il se voit à nouveau sollicité par Bertrand Tavernier qui lui offre à nouveau un rôle dans L'appât, puis le rôle-titre du formidable Capitaine Conan, celui d'un Chien de guerre au coeur des événements de 14-18. C'est la consécration pour ce jeune comédien qui décroche le César du meilleur acteur en 1997. Aujourd'hui directeur d'une maternelle dans Ça commence aujourd'hui, Philippe Torreton sera bientôt à l'affiche de Tôt ou tard réalisé par sa femme Anne-Marie Etienne. Ayant à son actif une dizaine de films, Philippe Torreton a poursuivi une riche et longue carrière dans le théâtre et le cinéma où il a reçu de nombreux prix notamment le grand prix France cinéma en 1996 au festival de Florence, César du meilleur acteur et réalisateur, Prix Meliès 1996, prix du public au festival de San Sebastian en 1999, prix d'interprétation au festival de Saint-Jean de Luz...Il se distinguera également dans La mère coupable de Beaumarchais, Le malade imaginaire de Molière, Antigone de Sophocle, La Serva Amorosa de Carlo Goloni...le célèbre comédien, qui arrive aujourd'hui à Alger, et nous fera le grand honneur de lire les textes d'Algérie, je t'écris et saura comment nous émouvoir, mercredi prochain, au Bastion 23 par son talent, son jeu débordant de générosité, sa sincérité à fleur de peau et cette remarquable énergie qui émane de lui...Un spectacle qui vaut le détour!