Sellal, un fin connaisseur des régions du Sud Ce plan de sortie de crise s'articule autour d'une campagne de recrutement tous azimuts et des formations rémunérées. Mieux vaut tard que jamais. Après plusieurs mois de réticence et d'expectative, le gouvernement prend le taureau par les cornes, en annonçant à l'issue d'un Conseil interministériel un programme ambitieux pour les régions du sud du pays, en butte à des mouvements de protestation. Ce plan Marshall, bien que quelque peu tardif, suffira-t-il pour apaiser les esprits et calmer les tensions? A deux jours seulement de la marche, jeudi prochain, des chômeurs à Ouargla, le gouvernement affirme qu'une série de mesures en faveur de l'emploi des jeunes de la région sud du pays sera annoncée «incessamment». Ces mesures ont été décidées à l'issue d'un Conseil interministériel (CIM), présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui s'est tenu dimanche dernier à Alger. Le gouvernement, qui a déjà déployé plusieurs ministres dans la région, tente de calmer les tensions. Une véritable course contre la montre est enclenchée. Similaire à tous points de vue à son attitude affichée au lendemain des manifestations de janvier 2011, le gouvernement récidive cette fois-ci par une décision de recrutement massif car la paix sociale n'a pas de prix. Le gouvernement compte charger les entreprises publiques à faire des recrutements massifs. Ce plan de sortie de crise du gouvernement s'articule autour d'une campagne de recrutement tous azimuts et des formations rémunérées avec en prime un suivi strict de l'application du dispositif mis en oeuvre. Autrement dit, dépenser sans compter. Ainsi, le message exprimé par la montée de la contestation des jeunes du Sud paraît être reçu par les autorités. Il était temps de donner des solutions concrètes à leurs principales revendication relatives en premier lieu à l'emploi. Dans cette optique, les entreprises publiques, à leur tête Sonatrach et Algérie Télécom, seront chargées de réduire le taux de chômage au Sud. A travers ces mesures, le gouvernement veut donner un gage de bonne volonté en direction des jeunes contestataires qui s'apprêtent à organiser une manifestation le 14 mars. Il est question aussi de la réalisation du programme spécial Sud et l'accompagnement financier des chômeurs dans la création des exploitations agricoles. Ce programme ambitieux vient peut-être in extremis car la situation au sud du pays est explosive et inquiétante eu égard au influences sécrétés par le contexte régional prévalant au Mali et à la Libye voisins, selon les observateurs. En proie à une agitation sociale qui gronde et s'amplifie de plus en plus, des délégations parlementaires seront également dépêchées sur les lieux. A cet effet, une dizaine de députés de la Commission des transports et des télécommunications se mettront de la partie dès aujourd'hui. La délégation devra effectuer une visite dans plusieurs wilayas du Sud dont Tamanrasset, Illizi, Adrar et Djanet, indique le communiqué de l'APN. Ce groupe de parlementaires guidés par Mahmoud Guemama, issu de cette région, prendra langue avec les représentants de la société civile et les notables pour s'enquérir de près des préoccupations des populations de ces wilayas, précise le même document. Par ailleurs, le sud du pays connaissait déjà des conditions alarmantes avant que le conflit dans le Mali voisin ne vienne créer de nouvelles inquiétudes. Les jeunes manifestaient souvent devant l'Agence nationale de l'emploi pour protester contre cette institution qui fait dans le favoritisme. De même, les inégalités sociales majeures existant entre le Nord et le Sud, est un autre facteur qui suscite la colère des habitants de cette partie prenante d'Algérie. Il faut dire que les populations du Sud ne reconnaissent souvent pas leurs représentants ou chefs imposés d'en haut. La complexité de la situation dans le Sud appelle, non pas à des replâtrages, mais à des priorités bien définies et tirées au clair comme le contrôle de ces agences de main-d'oeuvre privées qui font plutôt dans «la traite humaine des temps modernes». Enfin, récemment, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a indiqué que l'emploi est le «problème majeur» qui se pose dans le Sud du pays, tout en préconisant une formation «assez complète et rapide» au profit des jeunes demandeurs d'emploi et n'ayant pas de qualification. Il a cité, à ce propos, le cas de la wilaya de Ouargla où les entreprises installées dans la région procèdent aux recrutements «par des moyens détournés et sans l'aval de l'agence de l'emploi de la wilaya». La législation et la réglementation ne permettent pas, pour le moment, de contrecarrer cette situation, mais une instruction sera donnée très prochainement pour que tout recrutement au niveau de ces entreprises, ait l'aval de l'agence de l'emploi» (Agence nationale de l'emploi, Anem), a-t-il affirmé. Le ministre, qui a également annoncé la création de nouvelles agglomérations pour une meilleure décentralisation, a préconisé le «redéploiements des jeunes vers d'autres domaines, comme l'agriculture et l'artisanat». Il a également indiqué que de grandes entreprises publiques ont été sommées de créer des filiales dédiées exclusivement au Sud. Emploi La sous-traitance désormais surveillée de près La sous-traitance en matière d'emploi au Sud sera désormais régulée à la faveur d'une instruction relative à la gestion de l'emploi dans les wilayas du Sud, énoncée, hier, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. «A l'effet de prévenir toute forme de disparité salariale, les entreprises faisant appel à des prestataires de services pour la réalisation des travaux de toute nature, sont tenues d'inclure dans les contrats une clause portant sur l'application d'une grille des rémunérations qui ne saurait être inférieure à 80% de leur grille en vigueur pour des postes similaires», lit-on dans l'instruction. Désormais, les entreprises de sous-traitance ne peuvent bénéficier que de 20% de la prestation de services. En cas d'inexistence de postes similaires au sein de l'entreprise donneuse d'ordres, il est fait référence en matière de rémunération aux salaires versés dans la branche au niveau local, précise cette instruction.