Participants et organisateurs ont commis des concentrés d'erreurs qu'ils reprochaient à Benflis lors de son 8e congrès. C'est dans une anarchie à peine descriptible, et face à un impressionnant service d'ordre, assuré par des centaines d'armoires à glace avec des cartes d'accès magnétiques inviolables pour faire barrage aux exclus et aux pro-Benflis, que le «congrès des redresseurs» a fini par avoir lieu, ce jeudi, avec plus de 8 heures de retard. Il a pris fin à peine quelques heures plus tard, sans surprise aucune, sur une motion de soutien à un second mandat du président Bouteflika. Initialement prévue pour 10 h, jeudi, la rencontre a été reportée à 15 h à cause de nouvelles divergences apparues et que les organisateurs ont tenté d'aplanir lors d'une rencontre de la dernière chance au Monkada. Jeudi, pour accéder à la salle des conférences d'El Aurassi, il fallait traverser un impressionnant dispositif sécuritaire, avec des troupes policières lourdement armées d'instruments anti-émeutes, avant une véritable et dense haie d'armoires à glace dont certaines étaient armées, cela, avant que la carte d'accréditation, ayant subi un contrôle policier et dotée d'une puce magnétique, soit passée par un appareillage que même le président n'utilise pas pour les accréditations liées à ses déplacements. A l'intérieur aussi, des vigiles ne faisant rien pour se montrer discrets, étaient postés pratiquement tous les 10 m, dans tout le vaste périmètre de ce «congrès d'étape». Une appellation d'origine non garantie puisque ni la loi ni les statuts de ce parti ne prévoient une pareille rencontre. Celle-ci, du début à la fin, a été émaillée de nombreux incidents, durant lesquels la violence physique était du lot, allant jusqu'à l'utilisation de bombes lacrymogènes, alors que les déçus et les pro-Benflis, venus nombreux, étaient repoussés sans ménagement aux portes du salon au moment où Belkhadem indiquait que «le congrès était ouvert à tout le monde» et que «personne n'en serait exclu». Belkhadem, en effet, a voulu jouer la transparence en tentant de s'expliquer avec la presse. Il a, ainsi, tenté d'expliquer «le cuisant échec de cette rencontre», boudée par la classe politique et les chancelleries internationales en soulignant qu'un «congrès d'étape n'invite personne». Il n'empêche que les organisateurs ont réussi la gageure, face à l'absence de légitimité et de crédibilité puisque Benflis contrôle toujours la majorité écrasante des deux comités centraux issus des 7e et 8e congrès du FLN. Belkhadem, qui a en outre annoncé le report du congrès rassembleur pour après la présidentielle, n'en a pas moins annoncé à l'avance un ordre du jour chargé, consistant en l'adoption d'un nouveau règlement intérieur, un programme politique et une motion politique, ainsi que la prise d'une décision vis-à-vis de la prochaine présidentielle. Ces questions organiques ont eu pour effet de déclencher l'ire de Hadjar, qui a boudé la rencontre. (Lire notre encadré). Fait notable à souligner, parmi les chaises réservées aux invités, demeurées vides, figuraient celles d'Ali Benflis, secrétaire général du FLN, Karim Younès, président de l'APN et Boualem Benhamouda. Ces chaises ont constitué une belle attraction pour les présents. Le dispositif policier était tel, que les participants, y compris les journalistes, ont, semble-t-il, été contrôlés en «haut lieu». Ce qui explique la demande de la photocopie d'une pièce d'identité officielle. Le préposé à la délivrance de ces «précieux badges» s'est même écrié contre l'un de ses adjoints, pour avoir failli laisser passer, «le bras droit de Bouguettaya». «J'ai failli aller en prison à cause de toi», s'est-il écrié, manière de résumer quelles mesures draconiennes entouraient cet événement, et quelles mains secrètes veillaient à son déroulement de bout en bout. Saïd Barkat, démentant le bon sens lui-même, nous a assuré, tout souriant, que l'ensemble des présents sont passés par les urnes, à la suite d'assemblées générales dûment accréditées par des huissiers de justice. C'est dans un climat de débandade généralisée, où personne n'écoute personne, que Belkhadem, accompagné par Boualem Bessayeh et Tahar Zbiri, a pris place à la tribune pour présider une rencontre qui a fini par tourner à l'anarchie la plus indescriptible. Même la lecture de sourates du Coran n'a pas pu calmer le brouhaha. Au moment de l'hymne national, le ton a été donné quant à la véritable motivation de cette rencontre, puisque le portait de Bouteflika a été brandi au-dessus de la tribune. Finalement, les ateliers mis en place ont bâclé un travail ficelé à l'avance, alors qu'à une heure très avancée de la nuit, une fois épuisés tous les journalistes, et même une partie des «congressistes», une motion de soutien à un second mandat de Bouteflika a été applaudie unanimement. Belkhadem, dépassé par les événements, face à un service d'ordre épuisé puisqu'il a eu à repousser plusieurs «assauts» durant la soirée, ne pourra entamer son discours avant 19 h. Rares, du reste, étaient les personnes qui ont écouté ses propos «rassembleurs», sonnant creux, puisque les banderilles à l'adresse de Benflis, les seules à être saluées, n'ont pas manqué d'être régulièrement placées. Les travaux, qui avaient «commencé» vers 17 h jeudi, ont pris fin vendredi, à 6 h. Du jamais vu. Tout comme la décision prise, désormais, d'activer au nom du FLN sans que l'on sache si les nouveaux statuts et le règlement intérieur seront ou non transmis au ministère de l'Intérieur pour approbation.