Ouyahia s'est engagé à prendre en charge effectivement la 6e incidence à partir du 20 janvier 2004. C'est à 23h30 avant-hier que l'accord sur la 6e incidence a été annoncé par les 24 à leurs camarades délégués qui les attendaient à la salle Ibn Khaldoun. Le silence nocturne et le froid hivernal ont cédé la place aux applaudissements et à l'ovation. Après 30 heures de débats serrés, les deux parties sont parvenues à signer un protocole d'accord additionnel relatif aux indus élus. En effet, le représentant de l'Etat a décidé de prendre, dès à présent, les mesures nécessaires pour concrétiser cette prise en charge. Dans cette optique, Ouyahia engagera les démarches appropriées avec les parties concernées. Il s'agit, donc, de se concerter avec les élus concernés par la révocation, leurs partis politiques (FFS et FLN) et les institutions de l'Etat. Dans le même document, le chef du gouvernement «déclare que des résultats ne manqueront pas de se faire ressentir dans les jours à venir afin de rassurer la population». S'il est vrai que ce protocole d'accord manque un peu de clarté et de précision en ne fixant aucune échéance explicite pour la révocation des indus élus, il est aussi vrai que beaucoup d'éléments plaident pour une prise en charge effective de cette incidence. D'abord, le chef du gouvernement, en signant un protocole d'accord sur cette incidence, reconnaît de fait le qualificatif d'indus pour ces élus. Pour leur part, les 24 ont présenté cette incidence comme étant la révocation des indus élus issus des régions touchées par le rejet des élections. Au niveau local, toutes les APC et APW où il y a eu un rejet total ou partiel sont concernées par la révocation. Au niveau national, l'incidence concerne les députés siégeant à l'APN suite au rejet des législatives 2002 en Kabylie. Ainsi, les députés de Tizi Ouzou et de Béjaïa sont l'objet de cette incidence. Plus loin encore, est objet de révocation tout élu d'APW et d'APN des autres wilayas issu d'une localité d'origine où il y a eu rejet des élections. Ainsi, on peut conclure qu'en plus de Tizi Ouzou et de Béjaïa, l'incidence s'étend également à Bouira, Boumerdès, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Alger, Tipaza, Batna et Khenchela. Quelques heures après la signature du protocole d'accord, le porte-parole des 24, accompagné de six délégués, a animé un point de presse au Palais du gouvernement. D'emblée, Abrika dira : «Le pouvoir s'est engagé à prendre en charge l'incidence. Il y a un accord pour que les indus élus partent.» Tout en affirmant que les indus élus partiront dans leur totalité, le conférencier souligne: «Le pouvoir doit trouver les techniques pour atteindre cet objectif.» Revenant sur l'échéance de l'application de cet accord, Abrika indique: «C'est l'affaire de quelques jours pour que la révocation soit faite.» Interrogé sur la position du mouvement citoyen par rapport à la prochaine présidentielle, le porte-parole de la délégation insiste: «Nous nous éloignons de tout enjeu électoraliste. Tant que la plate-forme d'El-Kseur n'est pas satisfaite, on rejette toute élection y compris la présidentielle.» Faisant une lecture du protocole d'accord, Abrika précise: «La révocation a commencé à partir du 20 janvier. Elle est, donc, en cours.» Toujours dans la foulée, le conférencier ajoute: «Le départ des indus élus soulagera la population de la région.» En guise de solution, Abrika suggère «la révision du code des collectivités locales». Lui succédant, Ali Gherbi rappelle: «Le mouvement est d'essence pacifique et démocratique.» Sur la 6e incidence, le membre des 24 explique : «Notre objectif est de restituer la volonté et la souveraineté au peuple.» Un autre délégué remarque que «le protocole d'accord additionnel a une consistance politique et juridique en ce sens qu'il contient l'engagement de l'Etat». Khoudir de Béjaïa conclut: «Après les fuites en avant du pouvoir, il est obligé de composer avec les citoyens que nous représentons». A signaler qu'après la signature du protocole d'accord, les travaux ont repris, hier, pour arracher le dernier accord concernant la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Jusqu'à hier soir, aucun résultat n'a été annoncé dans ce sens.